mardi 12 août 2008

Tout marketing est géomarketing


Internet met la cartographie à la portée de tous, tout le temps, partout. Mobile ou immobile, la cartographie n'est plus seulement une information passive : elle est potentiel d'action. Repérer des points de vente pour un produit/service, en sélectionner un, obtenir ses coordonnées, des directions pour s'y rendre, etc. Cartographie interactive, personnalisable.

En auto, à pied, en tram, en bus ou à vélo... le téléphone est une boussole moderne dont le GPS et la cartographie font un outil marketing omniprésent : Google Maps, Yahoo! Local Maps, Mapquest, Live Search Maps (Microsoft), Nokia Maps (qui a racheté Navteq, s'allie à Lonely Planet), Garmin, TomTom... Les nouveaux terminaux téléphoniques (iPhone 3G, HTC Diamond, Nokia N95, Samsung Instinct, par exemple) y puisent un argument d'achat et de distinction (cf. illustration, dans une Apple Store, aux Etats-Unis)
Google y ajoute la plannification des trajets utilisant les transports en commun (transit functionality), accessible pour divers téléphones (BlackBerry, Windows Mobile, Symbian, Java). Une cinquantaine d'agglomérations sont concernées par le premier test, dont deux en France : Bordeaux (tram et bus, avec Tbc) et Maubeuge / Val de Sambre (bus, avec stibus).

Google a acheté à la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA) l'exclusivité des droits d'exploitation cartographique on-line du satellite GeoEye-1, indiquant l'importance que l'entreprise accorde à la cartographie. Satellite lancé le 6 septembre 2008.

Les données de comScore / M:Metrics indiquent une hausse des usages de la cartographie mobile de 82% aux Etats-Unis. En tête, le iPhone suivi du N75 de Nokia. Les utilisateurs ne représentent encore qu'une faible partie des abonnés à la téléphonie portable (moins de 3% en France, 7,5% aux Etats-Unis) mais la chute des prix des appareils et des services amplifiera les usages jusqu'à en faire un outil universel.
Pour l'Internet fixe, la pénétration est plus avancée. Plus du tiers en Europe, près de la moitié des internautes aux Etats-Unis recourent aux outils cartographiques. La carte, le plan sont moyens de recherche marketing, mais aussi des outils efficaces pour présenter et lire les résultats (map mashups, voir par exemple le mapmixer de Yahoo! ou Minimap Sidebar de Mozilla), outils qui appellent une sémiologie cartographique appropriée. Tous les sujets s'y prêtent : le ministère espagnol de la culture recourt à Google Maps pour fait valoir le patrimoine culturel des régions avec Geocultura (idée que devrait bien suivre la prochaine édition de l'inventaire communal de l'INSEE), SpaceFoot y recourt pour faire valoir et animer le patrimoine footballistique amateur français. Avec l'API Gears Geolocation, Google donne à un site les moyens de localiser ses visiteurs et d'y adapter son offre en utilisant l'adresse IP, les coordonnées de la cellule téléphonique dans laquelle ils se trouvent, des données de la connexion Wi-Fi, etc. Cf. Google Code Blog.
Tout annonceur peut être présent sur Local Business Center de Google qui constitue un annuaire cartographique gratuit avec photos, vidéos et informations essentielles pour les clients. De plus, le géo-marquage des photographies (geotagging) donne aux commerçants et aux clients des resssources marketing nouvelles. La bataille des annuaires promet d'être rude.

Enfin, le croisement de la lexicographie et de Street View, grâce aux technologies dites "text-to-image" (OCR, Optical Character Recognition) est explosif puisque les éléments langagiers (graphèmes) inclus dans les images photographiques du paysage urbain pourront être repérés et indexés par les moteurs de recherche. D'autres projets du même ordre sont en cours comme MARA de Nokia (Mobile Augmented Reality Applications).
"L'alphabet des enseignes", cher au poète russe Vladimir Maïakovski, rentre ainsi dans le rang des textes indexables.

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