lundi 9 mars 2009

Le "ressenti" ment : statistiques ethniques et médias


Voilà que l'on relance des "statistiques ethniques" pour "mesurer l'ampleur des discriminations". Comment serait approchée ou déterminée l'appartenance ethnique ? Ou les appartenances... et la discrimnation ? Par déclaration du "ressenti" ! Voilà une notion dont la précision et la rigueur n'échapperont à personne. Classement subjectif, artéfact. Jusqu'où ira-t-on dans les variables ? Langues, religions ? Catégoriser, classer, n'est-ce pas risquer de fabriquer et légitimer la discrimination que l'on veut éviter ?

Passons sur l'impossibilité de monter un questionnement effectuable : en quelle langue, par quels enquêteurs et enquêteuses pour limiter les biais ? Quant à l'enquête écrite, auto-administrée... Supposer la maîtrise universelle de l'écrit, lecture et écriture, est déjà en soi une discrimination : on n'en est pas sorti...

Que peut-on espérer d'une telle variable dans les médias et la publicité ? Mise en oeuvre aux Etats-Unis, elle est source constante de problèmes de constitution d'échantillons. Comment représenter correctement la population "Hispanic", "African American", "Asian", etc. dans les panels ?
De plus, il semble que les écarts entre pratiques de consommation média selon ces variables soient incertains : on ne sait même pas en quelle langue s'adresser aux "hispanics", anglais ou espagnol ? Question de génération, semble-t-il. Ceux qui sont nés aux Etats-Unis réclament de l'anglais. SiTV vise les téléspectateurs supposés hispanophones... en anglais. Les plus récents immigrés préfèrent l'espagnol, qu'ils comprennnent mieux. Mais c'est aussi ce qui retarde leur intégration... et accentue le "ressenti" de discrimination. Problème connu et analysé en Allemagne où l'arrivée de télévision turque (vidéo, chaînes turques sur le câble) a freiné l'acquisition de l'allemand et, partant, la réussite scolaire des enfants allemands de parents turcophones.

En France, en français, des dizaines de magazines, "féminins" notamment, visent les populations françaises selon les cultures : Gazelle, Shenka, Miss Ebene, Amina, Pilibo, etc. Des annonceurs y trouvent une affinité avec les cibles de certains de leurs produits : ethnocosmétique, par exemple. Et encore, pourquoi "ethno" ? Il y a diverses sortes de cheveux, et différentes sortes de shampoings, cet énoncé universel suffit.

Plutôt que laisser s'entretisser enflure verbale et bonnes intentions, lisons ce que qu'écrit Claude Lévi-Strauss sur "l'optimum de diversité" et la créativité des sociétés : "la civilisation implique la coexistence de cultures offrant entre elles le maximum de diversité, et consiste même en cette coexistence. La civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition, à l'échelle mondiale, de cultures préservant chacune son originalité" (Race et histoire, p. 112). La mondialisation comme barbarie ?



2 commentaires:

Anonyme a dit…

une petite histoire au sujet du ressenti et de la discrimination/
mon fiston a dit l'autre jour à un élève de sa classe noir qu'il était chocolat au lait, et donc que sa fiancée était sûrement Nadine, qui l'était aussi! tout ça en rigolant, il trouvait sa blague très fine, et sa copine Camille, une blondinette bien nommée, itou. Sauf que l'enfant s'est plaint d'avoir été "traité" de chocolat au lait, et que la maîtresse a épinglé les deux dangereux racistes, les a publiquement tancés devant la classe, qu'ils ont été privés du gouter d'anniversaire de l'après-midi et envoyés chez une autre maitresse avec l'étiquette racistes et mis en punitence au fond de la classe!!! Ils étaient tous deux effarés par cette mésaventure, et n'ont rien compris à tout ça, concluant: ben nous on est beige, et alors?
Crime de racisme "supposé", mot neutre, simple qualifiant coloré, "ressenti" comme raciste par un enfant en mal de reconnaissance (il faut dire que c'est un balaise mais pas côté neurones), une maîtresse qui fait de l'excès de zèle (même les blagues belges elle n'aime pas!) et on a deux gamins de 7 ans qui pensaient faire une petite blague archi soft cloués au pilori de l'école citoyenne et anti-raciste! ouf, heureusement que les maîtres d'école sont là pour éduquer nos enfants...pour la petite histoire, Camille a deux demi-soeurs srilankaises, et Fabien,il m'a dit "maman" qu'est ce que ça veut dire "raciste" ? parceque chez nous, dire que quelqu'un est noir, ou jaune ou beige, et ben c'est pas une insulte raciste, c'est un fait. Dire que quelqu'un est couleur chocolat c'est raciste? ben oui depuis qu'on appelle un aveugle "non-voyant", un sourd "mal-entendant", un handicappé "inadapté", etc. bref depuis que les mots font peur à ceux qui leur prêtent une intention ...qu'ils n'ont pas!S.Gillet

Anonyme a dit…

la diversité, on va bientôt inventer les autres mots (maux ensuite) L