jeudi 13 août 2009

TV sans domicile

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Dans les régions riches du monde, la télévision fourmille hors des domiciles sur-équipés pour que les annonceurs puissent suivre les consommateurs sur  des supports mobiles dans tous leurs lieux de consommation. Et dans la rue parfois, pour des événements sportifs, quand la saison s'y prête.
Dans les régions pauvres du monde, où l'équipement au domicile est rare, la télévision s'installe hors du domicile pour rencontrer son plus grand public.
En Afrique du Sud, des écrans 4x3m diffusent l'après-midi des programmes de télévision dans les parcs (14 parcs équipés, pour commencer). Les programmes reprennent des émissions diffusées par des chaînes du bouquet satellite DSTV. L'après-midi, émissions pour enfants, Disney (émissions importées). Les écrans sont allumés à partir de 14H, dès que la journée d'école est finie. En soirée, sport : football, rugby. 
L'objectif est de permettre à la population démunie, pauvre, d'accéder à la télévision en toute sécurité : "TV to the people", c'est le slogan de Township TV (MTN Ekasi TV).
Des parrains annonceurs, institutionnels, accèdent ainsi à une large notoriété et à une légitimité de service public. Les communautés locales peuvent ouvrir des stands pour la vente de boissons (pas d'alcool), de snacks, etc.
Expérience collective, plein air. Spectacle gratuit, entièrement : il n'y a pas d'achat d'équipement à acheter, aucune barrière à l'entrée. De plus, la sécurité des personnes est assurée (l'un des droits de l'homme les plus aisément oubliés). 

Cette offre de télévision collective remet en perspective les spéculations sur le "village mondial" ("global village") de Marshall. McLuhan (War and Peace in the Global Village, avec Quentin Fiore, 1968), "village  mondial" qui serait créé par la propagation des médias électroniques. Les très fastueuses dépenses que montrent au monde entier les retransmissions de la Coupe du monde de football fournissent une bonne occasion de remettre en chantier cette notion bein confuse.
Grand écran HD au salon pour les uns, grand écran dans un parc grillagé pour d'autres : il y a plusieurs demeures dans le "village mondial". Mais y-aura-t-il un seul et même message diffusé, indifférent aux conditions de réception ? Une science des médias, si un tel projet a un sens, doit critiquer cet apparent paradoxe : écarts dans les conditions de réception / unicité du message. La variation du contexte commercial mène à un début de réponse : il n'y a pas de message unique, universel. La publicité s'adapte à la réception, au contexte de consommation.
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