lundi 28 septembre 2009

Bakchich : le papier au secours d'Internet ?

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Encore un média qui enfreint le postulat économique - au double deux sens du terme - selon lequel la presse doit saborder le papier pour se convertir à Internet. Bakchich est d'abord un site d'information statirique ouvert il y a un peu plus de trois ans. Le groupe lance maintenant un titre papier du même nom (100 000 exemplaires mis en place pour le premier numéro). En attendant probablement Bakchich.tv.
  • Sous-titre : "Informations, enquêtes et mauvais esprit". Superbe positionnement ! 
  • Slogan  : "Votre nouveau canard satirique", révérence au Canard Enchaîné, dont il ne semble pas concurrent. 
  • Bakchich hebdo (20 pages) est mis en place dans 1 800 points de vente le mercredi (le jour du Canard) pour 1,8€ (Le Canard est vendu 1,2€). Distribution NMPP. 

Cette initiative, comme une extension de marque, fait l'hypothèse tacite qu'il existe deux types de lectures, sinon de lecteurs. Si les ventes et les données d'enquête le vérifient, cela signifie que le papier suscite de nouveaux lecteurs, et qu'un lecteur papier ne se substitue pas à un lecteur en ligne (aura-t-on des données pour cette démonstration ?). Le papier peut aussi apporter les revenus publicitaires nouveaux grâce à la spécificité du support, des lecteurs, des lectures. Et le papier donne de la visibilité, une notoriété nouvelle grâce aux points de vente qui fonctionnent dans ce cas comme un réseau de 1 800 affichages. Enfin, le papier apporte un style différent, contraignant l'écriture et la mise en page à d'autres formes ; pour simplifier, on pourrait dire que le site d'information et l'hebdomadaire papier constituent deux genres journalistiques à forme fixe dans l'information, comme le sonnet et le roman en littérature.
Donc, Bakchich tente, à rebours des expériences classiques qui vont du papier vers Internet, un modèle économique deux fois mixte : (Internet + papier) X (publicité + ventes). Selon une dépêche de l'AFP (Google News), le site est déficitaire : dépense 50 000 € et en gagne 20 000. Le papier rajoute 40 000 aux dépenses. Toutes choses égales par ailleurs, le point d'équilibre global demande 70 000 € de rentrées pour le papier (pub + ventes).  Mais il y aura aussi des effets de la version papier sur la version on-line.

En attendant les leçons de cette innovation, leçons que seul pourra tirer le marketing du Groupe Bakchich, il faut remarquer que cette initiative, comme d'autres déjà (cf. liens infra), révoque en doute les clichés sur la fin du papier, sur l'inopportunité de la loi Bichet (dont le lancement de Bakchich est une parfaite illustration), etc. Et elle constitue une occasion de penser sans prévention la notion de marque média. A suivre....

Sur le passage on-line / off-line :
News from Net to Paper
Dans les papiers de Vendredi
La tentation du papier
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1 commentaire:

martin lyonnais a dit…

Malheureusement il n'a pas tenu! Le groupe à décidé de se concentrer sur le site internet en abandonnant la version papier... http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=11528

De là à parler d'extinction du papier, ne parlons pas de malheur.