jeudi 11 novembre 2010

Evolution des régies publicitaires : le cas Weather Channel

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Seule une chaîne météo pouvait donner à un outil publicitaire un nom d'ouragan : la régie du site de The Weather Channel (TWC) s'associe à AdMeld pour mettre en oeuvre sa propre place de marché publicitaire, "Category 5". Son objectif déclaré est de reprendre le contrôle total de la vente de tout son espace publicitaire, donc d'optimiser elle-même ses revenus (yield opimization), en temps réel (Real Time Bidding), et en relation constante avec la vente directe d'espace réalisée par ailleurs. Pour cela, la régie doit se procurer des outils technologiques adaptés à la commercialisation automatique d'un inventaire abondant et complexe.

Appli TWC
Cette opération peut retenir l'attention pour plusieurs raisons.
  •  TWC est, en matière de télévision, un acteur stratégique. Comptant plus de 100 millions d'abonnés, présente dans près de 100% des foyers TV américains, c'est la première des chaînes d'information de la télévision américaine. La météo, c'est central dans la vie quotidienne des Américains (cf. L'avenir média de la météo). Le formatage de la météo, émietté, localisé correspond aux attentes du marché publicitaire (ciblages contextuels, géo-marketing). Cette chaîne thématique est diversifiée dans ses supports : météo locale et hyperlocale, radio, site Internet puissant (45 millions de visiteurs uniques / mois), développements pour mobile (dont appli iPhone). Le site Internet n'est pas en rupture formelle avec la chaîne, bien au contraire. Le passage de l'une à l'autre et au mobile est logique, naturel.
  • The Weather Channel appartient au groupe média Universal NBC, lui-même en cours d'acquisition par le premier câblo-opérateur américain (MSO), Comcast. TWC se trouve donc au coeur d'un groupe tout numérique (studios, jeux vidéo, network généraliste, stations de TV locale, chaînes thématiques) en voie de transformation profonde et qui n'est pas bloqué par des composantes nécessairement conservatrices : pas de papier dans ce groupe, ni presse, ni affichage. Déjà, NBC s'est fait remarquer au début de l'été par une stratégie iconoclaste en constituant son propre ad network, UAP (cf. Réseaux publicitaires : TV networks et Ad networks).
  • Etant donné le dynamisme des acteurs concernés, cette initiative publicitaire de TWC peut, à court terme, s'étendre à la vente d'espace publicitaire de la télévision. Les avancées dans ce secteur de Apple (Apple TV) et de Google (Google TV, qui vient de passer un accord avec l'opérateur de bouquet satellite Dish Network) devraient stimuler l'innovation publicitaire des chaînes et des groupes numériques.
  • Une telle évolution s'étendra-t-elle à d'autres types d'éditeurs ? Est-elle réservée, comme l'ont déclaré des agences média, aux très grands éditeurs ? Il y a de bonnes raisons de penser qu'elle pourrait se propager à des éditeurs moins puissants, ce qui ne ferait pas l'affaire des agences média dont le champ d'activité numérique est menacé par de nouveaux acteurs. 
Alors qu'Internet accède au statut de média publicitaire, les groupes médias numériques, remettent en chantier leur stratégie et reprennent un contrôle confié jusqu'à présent à de petits sous-traitants pendant une fort longue période d'incubation. NBC inaugure sans doute un mouvement qui transformera durablement le marché, par étape.

N.B. A propos du nom, "Category 5" : il désigne l'ouragan de force maximum sur l'échelle de Saffir-Simpson. "Category 5" provoque des dégats considérables, "catastrophic" (cf. Weather Encyclopedia de TWC). La chaîne aime cette métaphore : son appel aux commentaires des internautes est dit "Voice 5".

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