samedi 5 mars 2011

Wikileaks : malaise dans l'information

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Wikileaks est un des événements majeurs de l'information et de la vie politique. Passé le scandale, la presse finalement s'est emparée des "révélations" de ce qui était caché par des gouvernements pour en publier de "bonnes feuilles".
La question qu'impose Wikileaks aux médias d'information n'est pas tant celle de la "révélation" que celle de ce qui est caché, tant celle des contenus que de la pratique politique et administrative. Nous nous sommes habitués à vivre les Républiques et la démocratie sur le mode de la monarchie et du secret. People et vie de cour d'un côté, secrets de l'autre, deux faces d'une même pièce. L'une montre pour mieux détourner l'attention de ce qu'il faut cacher.
Wikileaks révèle que la presse assure mal le travail ordinaire de dévoilement (l'un des noms de la vérité), se satisfaisant trop souvent de publier, et gloser, au mieux, ce qu'on lui demande de "communiquer" (on, c'est à dire une entreprise, une administration, un éditeur, un parti, un Etat, etc.).
Le communiqué de presse nourrit les médias, souvent repris sans critique, il s'apparente au people en tant qu'exhibition et leurre, selon le principe de la prestidigitation : distraire, atirer l'attention ailleurs. Rappelons qu'en France les dépenses des entreprises en relations publiques s'élèvent au double de celles réalisées en radio et la moitié de celles effectuées en télévision (Source : France Pub / IREP pour 2009). La fuite (leak) est le contraire de l'information et de la transparence, le symptôme inespéré d'une maladie politique.
La réaction à la révélation de dossiers par un fonctionnaire d'une collectivité locale (Bouches-du-Rhône, Marseille) en dit long sur le fonctionnement a priori secret de nos administrations et le prétexte d'un "devoir de réserve" dévoyé) pour maintenir des secrets qui n'ont rien à voir ni avec ceux des affaires, ni avec la sécurité. La démocratie impose au contraire un devoir de transparence à la chose publique (res publica) qui par définition n'est justement pas la chose privée de gouvernements ou d'administration.

N.B. La bataille livrée en Egypte pour les achives de la police d'Etat (SSI) est une illustration récente de la relation entre transparence et démocratie (cf. l'accès difficle des historiens aux archives dans les pays de l'ex. boc soviétique).
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