mercredi 27 juillet 2011

Apple : OS X Lion, facteur d'habitus

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Un nouvel O.S. bouge toujours un peu l'habitus de ses utilisateurs et l'enrichit de nouveaux gestes. D'ores et déjà aujourd'hui les outils numériques ont développé chez leurs utilisateurs des gestes, des réflexes dont l'essentiel est hérité des interfaces utilisateur d'Apple (Mac OS, 1984) et de Windows (Microsoft, 1985).
Certains sont propres à un appareil, d'autres sont communs à tous les appareils. Apple développe des habitudes spécifiques à ses appareils (iPhone, iPad et Mac), ensemble d'habitudes qui constituent une culture, allant des ergonomies aux comportements et aux modes de penser. Passer d'un PC à un ordinateur Apple, ou inversement, désoriente immédiatement l'utilisateur. Par exemple, les raccourcis clavier des copier-coller ne sont pas tout à fait les mêmes, ce qui entraîne pendant des semaines de constantes erreurs, avant que ne s'installe une sorte de bilinguisme des doigts. L'habitus comme les doigtés ne se font connaître que dans leurs ratés. Les ergonomies nouvellement inculquées, ce que l'on sait vite sur le bout des doigts, constituent bientôt un frein à l'utilisation de certains appareils : ainsi des ergonomies tactiles des liseurs numériques (Ereader) et des tablettes qui ont rendu, en comparaison, les boutons du Kindle (Amazon) peu engageants. Toute ergonomie apprise est un obstacle au changement.

Quoi de neuf dans les gestes du nouvel O.S. d'Apple (OS X  Lion) ?
  • Le trackpad propose plusieurs types de gestes dans la continuité de l'iPhone. Un, deux, trois doigts, avec ou sans le pouce (multi-touche). Des gestes de bas / haut, des gestes latéraux. 
  • Cliquer (avec clic secondaire, au bas du trackpad, équivalent à un clic droit sur Windows), pincer (zoom), faire pivoter une image, changer d'écran.
  • Deux outils nouveaux synoptiques d'orientation apparaissent : "Mission control" qui donne une vue de tout ce qui est ouvert sur l'ordinateur et "Launchpad" qui donne une vue sur toutes les applications présentes sur l'ordinateur que l'on peut supprimer, déplacer et regrouper comme sur un iPhone ou un iPad.
  • Doubles voies d'accès : soit touches clavier (F3 et F4) soit gestes sur le trackpad
  • Le scrolling s'effectue de bas en haut (et retour) ; noter le vocabulaire emprunté au temps des rouleaux de papyrus et de parchemin... Héritage de gestes, héritage d'idées (Cf. Léon Brunschwicg) ?
  • Tout un travail de personnalisation par l'utilisateur est possible, y compris pour retourner aux habitudes des interfaces précédentes.
La culture Apple s'étend, se systématise et l'on perçoit vite les airs de famille des ergonomies, leur grammaire qui accentuent la transférabilité des savoir faire. En plus des ergonomies communes, des outils communs apparaissent comme FaceTime (iPad2, iPhone4). Cette version de l'OS, selon Apple, laisse entrevoir ("sneak peak") les voies futures que prendra son  informatique, c'est une ouverture.
La désalphabétisation des interfaces de communication avec la machine, entamée au milieu des années 1980 se poursuit : les signes d'un basculement progressif vers les images et les gestes dans la gestion de la communication (facial recognition, gesture recognition) sont manifestes. De plus, les besoins des appareils portables favorisent une évolution vers des claviers non mécaniques. Apple a déposé un brevet de clavier virtuel, sans touches (keyless keyboard), sensible au toucher (haptique).
L'évolution et l'acceptation des interfaces utilisateurs commandent le succès des appareils. A terme, ces évolutions auront également un effet sur les technologies d'évaluation des comportements (cf. - par exemple - WebVisor qu'a racheté le moteur de recherche russe Yandex).
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