jeudi 27 décembre 2012

Téléviseurs connectés : équipement et usages

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De la connaissance des équipements à celle des usages, il y a loin. Il ne suffit pas qu'un équipement soit acheté pour qu'il soit utilisé conformément à son mode d'emploi. Selon le NPD Group, sur 25 millions de téléviseurs connectés aux Etats-Unis (Smart TV), seuls 12 millions utilisent pleinement la connexion pour accéder à des services comme Netflix, YouTube, amazon, Vudu, Hulu, etc.
Source : NPD Group / Connected Intelligence
Ecart semblable à celui constaté il y a quelques années dans le cas de la télévision HD aux Etats-Unis ; semblable aussi à celui, célèbre autrefois dans le cas des magnétoscopes : la plupart n'étaient jamais utilisés pour l'enregistrement d'émissions, trop compliqué, leurs utilisateurs se contentant de regarder des vidéocassettes louées ou achetées.

Par ailleurs, n'oublions pas que les statistiques des ventes sont généralement établies à partir de déclarations de fabricants ("units shipped", sorties usines, douanes, etc.), pas des détaillants et encore moins des usages effectifs. Elles ignorent généralement le stock immobilisé dans les points de vente. Souvent, les équipements sont donc de facto surestimés.

Un équipement est souvent assorti de conditions "culturelles" d'utilisation. Presque toujours, il faut disposer de savoir faire qui ne vont pas de soi, dont l'acheteur ignore souvent qu'il n'en dispose pas, qu'il sous-estime, et, que le vendeur se garde bien d'évoquer (lui même parfois n'y connaissant rien). Le mode d'usage reste bien en-deça du mode d'emploi théorique.

Quelles sont les utilisations actuelles d'un téléviseur connecté ?
Selon NPD Group, aux Etats-Unis, pour l'ensemble des téléviseurs connectés (directement ou indirectement), les principales applis utilisées concernent la vidéo en streaming (60% des utilisations). Les applis des réseaux sociaux comptent pour près de 10% (Twitter, Linkedin, et surtout Facebook), la musique 15% (Pandora, entre autres).
Mais il est encore bien tôt pour conclure quant aux usages nouveaux du téléviseur  : 40% d'applis utilisées hors vidéo, ce n'est pas négligeable. Il restera à s'assurer que cette proportion subsite au delà de la période de découverte ("toy effect") qui produit généralement des données inflationnistes.
Et puis, le téléviseur intelligent a sans doute, pour quelque temps encore, une fonction d'ostentation ("frime") qui intervient comme raison d'acheter ("conspicuous consumption", Thornstein Veblen) et d'essayer de nouvelles fonctionnalités !

7 commentaires:

Unknown a dit…

La SMART TV n'est pas SI SMART que ça au final. Si la France compte 3 millions de TV connectées, ce qui représente 10.7% de foyers équipés. Cependant, une grande majorité ne l'utilise pas au maximum de ses capacités. Et utilisent ainsi leur SMART TV, et bien, pour regarder la TV. Cet engouement pour celle ci est plus significatif d'une tendance, tout devient SMART, le portable, l'ordinateur, le frigo. Si on a trouvé un intérêt pour ces équipements, le consommateur semble tout de même mal informé sur le produit ou ne voit pas forcément la valeur ajouté de celui-ci. C'est un effet de "mode" ça fait classe de montrer son nouveau "joujou" mais quand il s'agit de s'en servir...Le développement de la social TV est positif et pourrai aider à rendre ce produit plus interactif et fidéliser le spectateur. Mais comment tout ça, marche ? Comme vous le dites dans votre article, même les vendeurs semblent « largués » sur la SMART TV, il est vrai qu’il y a pleins de fonctionnalités etc. mais concrètement il est difficile de comprendre le réel intérêt de celle-ci. Quand aujourd’hui il est autant facile de regarder la TV de son portable, tablette, ordinateur…C’est une technologie d’avenir certes, mais pour l’instant ça sert à regarder des images HD. En plus, si vous êtes connectés à internet ça veut dire que cela consomme la bande passante, en plus du Smartphone et de la tablette et de l’ordinateur. Ce qui peut ralentir grandement le service proposé. Donc à réfléchir, car la SMART TV au final ne propose pas mieux que ce que nous disposons déjà soit : un ordinateur, ou tablette.
article à lire :
No One Uses Smart TV Internet Because It Sucks : http://www.wired.com/gadgetlab/2012/12/internet-tv-sucks/

Isabel Zbinden a dit…

La différence entre la connaissance et les usages des équipements se retrouve également dans le cas des smartphone. Un grand nombre de personnes qui en possèdent un l'utilisent pour téléphoner, envoyer des message et encore 2-3 applications, mais n'emploient de loin pas toutes les possibilités offertes par leur appareil. Certains ont encore un agenda papier, un appareil photo, etc. en plus de leur smartphone.
Cela est dû d'une part à l'habitude, à la difficulté de changer son mode de fonctionnement. D'autre part, les utilisation possibles sont devenues tellement vastes que l'usager s'y perd et ne sait plus par où commencer. La situation est similaire pour le téléviseur connecté. En effet, l'adaptation et le changement nécessitent du temps et de l'énergie (et de la motivation), ce que tous possèdent pas forcément.

Les usages dépendent donc de caractéristiques de l'utilisateur mais également de la quantité d'options offertes.

Lin Emilie a dit…

Il est vrai que nous tous, nous connaissons pas tous les usages de nos télévisions, portables, ou même ordinateurs... Et puis, même si nous les connaissons, nous les utilisons pas forcément. Il est difficile de tout savoir et puis souvent, il est rare que les individus passent du temps à lire la notice pour connaître tous les fonctions disponibles.
Depuis le lancement des TV connectée en France en 2009, trois millions de téléviseurs connectables à Internet ont été vendus, mais c'est pas tout le monde qui l'utilise aux capacités maximale. Dond les ventes commencent peu à peu, il y a aussi des problèmes d'offre qui sont pas assez répandu et de nombreux écrans à la maison sont déjà connectables, de manière efficace tel que ordinateurs; tablettes, smartphones... Donc est-ce que la TV connectée est alors nécessaire et plus efficace? Pour l'instant, ça ne se voit pas encore.

Unknown a dit…

Il arrive souvent que le consommateur ne sache pas utiliser/n'utilise pas toutes les fonctionnalités d'un produit. Je crois même que c'est ce qui arrive dans la plupart des cas: qui sait utiliser toutes les facettes d'excel? Qui utilise toutes les fonctionnalités d'un ordinateur? Je pense que le consommateur ne peut pas non plus tout maîtriser: mais qu'il utilise aussi ce qui l'intéresse.
Je pense en revanche que l'apprentissage de l'utilisation de la télévision connectée va se développer: même si comme le dit Claudia il y a un vrai effet de mode, je pense que de nombreuses personnes qui achètent ces produits innovants ont une familiarité, une affinité avec les nouveaux médias.
Si la télé connectée permet en plus de créer une dynamique entre le diffuseur et le téléspectateur(ce qui fait partie des grandes stratégies économiques actuelles) , on peut penser que ce type d'innovation va finir par trouver sa place au sein des usages des foyers...

P2Ms a dit…

Selon l'institut CSA et le cabinet d'études CSA, la télévision connectée gagne en notoriété. En effet, fin octobre, une étude réalisée sur plus de 2 000 personnes disposant d'un accès haut débit a montré que 61% d'entre elles avaient au moins entendu parler de ce concept. La progression est criante par rapport à 2011 puisque cette même étude faisait apparaître 45% de notoriété en 2011. L'étude ne va pas plus loin. On sait qu'environ 3 millions de télévisions sont apparemment connectées contre un parc bien plus grand connectable.
Les usages? VOD, Catch-up, applications diverses, jeux, contenus d'acteurs OTT... En bref, rien qu'on ne puisse déjà faire ailleurs et qu'en fait est majoritairement consommé sur d'autres écrans et avec un autre succès.
En effet, si la catch-up est l'usage à mon avis le plus adapté à la télévision, sa consommation est grande à partir des ordinateurs.
Consommer du contenu d'acteurs OTT? De la même manière, l'ordinateur est prépondérant. De plus, les "chaines" youtube si elles sont légion aux Etats-Unis et se développent en France restent confidentielles et les contenus produits dignes des plus grandes productions AB (ironie). Les jeux? La mutation du secteur s'opère au niveau du mobile et si le cloud gaming supplante un jour les consoles, l'ordinateur récupérera les "gamers".
Par ailleurs, naviguer sur une page web à l'aide d'une télécommande et à 5 mètres de son écran ne me semble pas chose aisée. Alors, oui vraisemblablement la télécommande va disparaître dans sa forme actuelle. Les opérateurs feront bientôt l'erreur d'y substituer des tablettes alors que nombre d'études montrent l'impossibilité de se concentrer sur 2 écrans à la fois.
Bref, la fameuse convergence des supports n'est pour l'instant pas encore aboutie, tout simplement à mon sens car chaque support possède son ergonomie, ses caractéristiques et même ses contenus propres.
Alors oui, le contenu de la TV va s'enrichir grâce à des contenus additionnels venus d'internet, oui on pourra discuter de ce que l'on regarde avec sa "communauté" (encore que le brouhaha numérique risque de réactiver le bon vieux "chut" des soirées en famille sur le canapé) mais tout cela nous reverra sur d'autres supports. Et c'est selon moi l'intérêt des contenus transmédia. En effet, si l'on veut fidéliser le téléspectateur (internaute, mobinaute...), l'essentiel est d'investir ses supports de manière adaptée à chacun d'entre eux et à leurs usages.

Connecter un écran de télévision pour que l'ensemble de foyer partage encore un écran apparaît utopique.

Sebbag Stéphanie a dit…

On peut bien sûr douter des ventes des télévisions connectées, des usages non maîtrisés par les consommateurs, de savoir si la télévision connectée est bien « connectée » à internet, etc.

Je pense surtout que comme tout nouveau produit (smartphones, tablettes, etc.), les constructeurs et fournisseurs de contenus sont en train de chercher et construire l’écosystème de la télévision connectée.

En effet, comment en tant que chaine tv (TF1, M6, etc.) puis-je accepter qu’un autre flux (visuel, publicitaire, ou autre) vienne se superposer à mon émission, mon film (à mon flux en direct) ? Comment gérer le fait que le téléspectateur soit sans arrêt solliciter à changer de chaine ? Est-ce que les chaines de télévision ont-elles encore leur place sur ce support sachant que des pure players proposent leurs propres contenus et programmes ?

Une concurrence nouvelle est en train de se mettre en place, de nouveaux acteurs tentent de pénétrer le marché des contenus, mais on ne parle quasiment jamais de l’aspect réglementaire de la télévision connectée. Une chaine est-elle propriétaire de son espace ? A-t-on le droit de lui imposer un flux greffé à son programme comme le propose la télévision connectée ?

Aujourd’hui chaque acteur de la chaine audiovisuelle (chaines tv, FAI, constructeurs, etc.) veut défendre son pré carré et son territoire d’exercice. Une fois qu’une réglementation sera mise en place, la télévision connectée sera à mon avis le futur compagnon des téléspectateurs, il lui faut juste du temps afin de s’installer et ouvrir la voix à des contenus de plus en plus intéressants, innovants et personnalisables.

Safae BOUSSAIRI a dit…

Je pense qu'il est très tôt pour juger du succès de la télévision connectée. Ce concept a été créé en 1994, mais n'a connu son vrai lancement qu'avec les technologies haut débit. Toutefois, je pense que nous ne pourrons pas évaluer l'usage des TV connectées sans prendre en compte leurs utilités dans nos vies quotidiennes, ou sans déterminer les besoins auxquels ce concept répond. Je ne vois pas un besoin bien identifié pour l'utilisation de la smart TV si ce n'est la passion des nouvelles technologies et l'obéissance à la loi de la mode...