samedi 27 avril 2013

Une année de télévision en France (2012)

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Guide des chaînes numériques, mars 2013,. Edité par le CSA, le CNC, la DGMIC, l'ACCeS et le SNPTV. Edition numérique (pdf). Le chapitre 8 regroupe les principaux textes de l'activité législative et réglementaire de l'année 2012.

Ce guide annuel en est à sa 11ème édition. Outil documentaire de référence, commode en version pdf, il constitue aussi une occasion, en le parcourant, de dégager, par delà toutes les données désarticulées, les grandes tendances de notre marché télévisuel.
  • La télévision consommée, telle que la mesure Médiamétrie, croît, se rapprochant de 4 heures (DEI) ; donc les téléspectateurs consomment bien plus de 4 heures par jour (DEA). Multiscreentasking ? Où se situe la limite ?
  • Les plus faibles consommateurs de télévision sont les enfants (2h15) tandis que les personnes de plus de 50 ans (drôle de cible) dépassent 5h. Le temps disponible serait donc la variable la plus explicative des écarts de consommation : la télévision bouche les trous de l'emploi du temps. La télévision comme activité des inactifs ?
  • La télévision numérique terrestre (TNT) qui fut tellement dénoncée à ses débuts, triomphe (comparer avec la situation américaine). Combien parmi ses usagers de "cord-never" et de "cord-cutter", qui ne s'abonneront jamais ou qui se sont déjà désabonnés ?
  • En plus de la redevance, 13,6 millions de foyers s'abonnent à un opérateur pour recevoir la télévision. Quelle est l'audience des chaînes que l'on ne reçoit qu'en payant ? Faible, très faible. De quoi vivent-elles ? Certainement pas de la publicité. Des miracles de la vente au forfait (bouquet) ?
  • La distribution par ADSL gagne du terrain ; le satellite sans abonnement rattrape le satellite avec abonnement. Quelles chaînes, quelle programmation en profitent ? L'échec du câble est flagant. 
  • Quelle part de la consommation de télévision ignorons-nous ? Combien de chaînes ne sont pas mesurées ? Quelle est la part de la consommation hors foyer, hors du téléviseur ? 
  • Chapitre bien venu (pourquoi en annexes ?) sur la vidéo à la demande (VàD). Ces données méritent d'être intégrées dans le bilan télévisuel global.
  • Qui finance la télévision française ? Après les impôts (l'Etat), viennent les industries alimentaires, le secteur hygiène-beauté puis l'automobile, la grande distribution, les banques et les télécoms. L'ensemble représente 60% du financement, hors Etat.
Guide des chaînes numériques, p. 85. Attention : investissements BRUTS.
Beaucoup de statistiques dans ce guide, mais les catégories descriptives sont complexes voire sibyllines. renvoyant à des pratiques administratives, de finance publique spécialisée, à des outils de suivis budgétaires ("production audiovisuelle aidée", etc.). Pour faciliter la lecture, les catégories devraient être illustrées des émissions qui s'y trouvent. Quant au cinéma, la complexité des segmentation mises en oeuvre interdit aux non spécialistes de conclure (l'illustration à l'aide de titres de films serait bienvenue).
L'approche diachronique, que permettent 11 années d'analyse (exemple : p. 77), est trop rare.
Dommage que ne figurent pas dans les documents les audits effectués par le CESP des mesures d'audience de la télévision.

Les sujets télévisuels qui fâchent se sont pas évoqués par ce "guide". Par exemple, voici des questions qui pourraient figurer dans un bilan des événements de l'année (au même titre que l'actualité législative traitée dans le chapitre 8. Où en est l'émirat du Qatar dans la télévision française ? Quelle place pour la publicité dans le secteur public de télévision (publicité télévision et publicité Web) ? Quel modèle économique et éthique pour la télévision et le sport ? La télévision publique doit-elle financer avec l'argent public un Tour de France cycliste qui souvent célèbre des "sportifs" dopés ? Quid de l'exception française (accord avec Discovery Communications Inc. sur les chaînes documentaires) ?
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