jeudi 25 juillet 2013

TV américaine (Cas N°15) : Comcast / NBC réorganise le local

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Un groupe de télévision américain peut comprendre plusieurs types de télévision :
  • Des stations locales (le DMA est l'unité géographique élémentaire)
  • Des networks de télévision terrestre généralistes regroupant des stations contrôlées par le groupe (O&O) et des stations affiliées (appartenant à d'autres groupes)
  • Des chaînes nationales thématiques distribuées par des opérateurs satellites, câble et télécom
  • Des chaînes régionales distribuées par les opérateurs satellites, câble et télécom
Le groupe Comcast (NBC / Universal) contrôle deux networks de stations locales : NBC (10 stations O&O), network anglophone, et Telemundo (16 stations O&O), network hispanophone.
Ensemble, ces deux networks rassemblent donc 26 stations locales "owned & operated" auxquelles se joint New England Cable Channel (NECN), chaîne couvrant la région de Boston (distribubuée par les réseaux câblés de Comcast notamment).
L'ensemble local constitue désormais "NBC Universal Owned Television Stations" dont l'objectif est d'unifier les moyens des stations pour servir leurs communautés en termes d'information. Dans les principaux marchés (DMA), le groupe Comcast (NBC / Universal) possède une station Telemundo et une station NBC.

Chacune des stations qui participent de l'un ou l'autre de ces deux networks nationaux a aussi une présence publicitaire locale primordiale. On peut donc s'attendre à une unification des moyens dans le domaine publicitaire aussi. De plus, Telemundo ayant gagné les droits du football pour 2015 - 2022 (FIFA), le groupe se prépare certainement à exploiter pleinement ces événements sportifs.
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lundi 22 juillet 2013

Les télévisions d'une émission

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La mesure audimétrique de l'audience de la télévision a été d'emblée conçue comme mesure d'une audience immédiate, de téléspectateurs regardant simultanément une même émission. Temps (même heure), lieu (domicile), une seule émission, consommée sans interruption, comprenant les mêmes messages publicitaires : telle était la règle des trois unités de la mesure des audiences TV.
Avec la multiplication et l'amélioration des technologies de différé (magnétoscope, DVR, catch-up TV, VOD, etc.), la consommation reportée représente une part croissante de l'audience totale et des revenus (vente, espace publicitaire).
La télévision peut se consommer partout, n'importe où, tout le temps, n'importe quand, sur n'importe quel appareil, en même temps qu'autre chose (multiscreentasking). Notre règle des trois unités de la télévision classique vole en éclats et la mesure unique vacille en même temps que la linéarité et la successivité.

Pour illustrer cette réalité changeante, regardons l'exemple des données d'audience d'une même émission. Les données ont été publiées par CBS. Un tiers de l'audience d'une grande émission de prime-time, "Under the Dome" (13 épisodes, réalisée par Steven Spielberg), provient de diverses formes de différé (cf. infra, tableau)
La cumulation d'audience prise en compte s'étend sur trois semaines au-delà du direct (le 24 juin, à 22 heures).

Source : CBS, juillet 2013
Ceci ne représente pas toute la vie d'une émission. D'abord, il y manque encore les diffusions sur la plateforme d'Amazon, Prime Instant Video. Plus tard, viendront les rediffusions par CBS puis les diffusions en syndication, dites "off-network". Sans compter les "piratages"... Enfin, il y a la télévision regardée hors du domicile (out-of-home TV : bars, hôtels, etc.) qui n'est toujours pas régulièrement mesurée.
  • L'audience totale communiquée par CBS ne présente d'intérêt publicitaire pour des annonceurs que si, dans chacune de ses diffusions, l'émission inclut les messages publicitaires présents lors de la première diffusion.
  • Cette stastistique ne peut pas dédupliquer l'audience : on ne peut calculer ni taux de couverture ni répétition (ni GRP).
  • En attendant mieux, les groupes de télévision recourent aux outils de comScore (vCE) et Nielsen (OCR) ou Project Blueprint (ESPN, 5 plateformes avec Arbitron et comScore).
  • L'émission n'a suscité que 129 500 commentaires sur les médias sociaux (source : CBS).
  • Le roman de science-fiction de Stephen King dont est inspirée l'émission a été publié en novembre 2009. La construction de la notoriété et de l'image de marque de ce titre était pour partie déjà établie au lancement de la série. Aspect multimédia... qu'il faudra un jour prendre en compte..

mardi 16 juillet 2013

Two-screen advertising? Yes, but which screen comes first?

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While watching TV, while in front of a TV screen, or more exactly, while being in the room where a TV set is on, people may use a "second screen": another device, laptop, tablet or smartphone. This other device might or might not be connected. TV viewers may tweet, share what they watch or comment on it on Facebook. What shall we call this: "Second screen conversation"? Multiscreentasking? "Extended screen"?

This is nothing new: since the beginning of TV, we know that people multitask while in front of the screen: knitting, reading a paper or a magazine - particularly a TV guide - snacking or having dinner, sewing, making phone calls (TV sound off), doing home work, ironing, cuddling, napping, chatting... you name it. These kinds of "now moments", as Twitter would call them - are lost for advertising. They were, and still are, investigated and taken into account by media time budget surveys as either secondary or primary activities.

From an advertiser's point of view, the perfect advertising time is a full and exclusive TV experience, a total "engagement" as they say in the new media lingo, and, a priori, not multiscreentasking. But, if the people targeted by a commercial interact with a brand via another screen - to ask for a coupon, a sample, to share with friends - such a "now moment"would become the nec plus ultra for branding, memorization, awareness, conversion, etc.
What does this mean for an advertiser? Instead of buying one media, one would buy two "simultaneous" media: a TV commercial AND a social network commercial, on Facebook or Twitter (both Facebook and Twitter provide the same possibilities: comments, check-in, picture, hashtag). Twitter suggests two-screen sponsorships. Facebook, whose reach is much wider, could, in addition, also figure out who is talking to whom (family, friends, unknown people, acquaintances, etc.). Double targeting?

Remarks
  • Nielsen and Twitter suggest mixing TV audience and tweets in a new kind of advertising "bimetallism". Which is gold, which is silver? Could there be some kind of Gresham's law for programs? Which audience is monetized, by whom? Which media gets the best data from this "bullion"? The social network probably.
  • Twitter is trying to set a new advertising principle: "acceleration"- which alludes metaphorically to Newton's second law of motion - to illustrate the amplification of TV's GRPs by tweets. Force of advertising = Mass (TV reach) x Acceleration (number of tweets about a TV program or TV commercial). Could it not also become a formula for a law of distraction with regard to the TV program?
  • As for Nielsen, it sets a new Nielsen Twitter social TV rating, or, in their own words, a "Definitive Reach Metric for Social TV Audience Measurement and Analytics" (o.c.). It only takes reach and not frequency into account: so what about GRPs? 
  • Selon Trendrr, l'activité liée à la télévision est 4 à 5 fois plus importante sur Facebook que sur l'ensemble des autres médias sociaux
  • SimulTV claims the best social TV needs only one screen, merging a TV program with social network comments on the sides (cf. infra), like seen with Picture-in-Picture.

Source: PR simultv, May 15, 2013

dimanche 14 juillet 2013

TV connectée. Oui, mais comment ?

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La TV connectée est une espérance des constructeurs de téléviseurs à la recherche de valeur ajoutée pour vendre leurs appareils, de "plus-produits". Ainsi, régulièrement, depuis des décennies, les constructeurs essaient de trouver des améliorations, des extensions aux téléviseurs, des solutions marketing : interactivité, 3D, guide de programmes, intégration de décodeurs, d'enregistreurs, etc.
La télévision connectée ne sera sans doute pas non plus la solution.
C'est la conclusion d'une étude conduite auprès d'utilisateurs, de personnes qui ont acheté un téléviseur connecté et l'ont installé dans leur salon. Beaucoup sont déçues : de leur point de vue, les outils mobiles d'interaction, tablettes et smarphones, sont plus utiles et plus commodes.“Online Video Lead Adopters Bypass the Smart TV with Personal Devices”, le titre de l'étude de Tarin Tulay (Strategy Analytics) est sans appel. N.B. L'étude quali a été menée auprès de 8 personnes qui se sont équipées dès 2010, "early adopters".
C'est également le discours tenu à leurs clients par des forces de vente de la grande distribution spécialisée en France : beaucoup de vendeurs évoquent, voire recommandent, Apple TV, solution simple - ergonomie toujours - et bon marché (en 2012, AppleTV représenterait 56% des outils OTT dans le monde, selon Frost & Sullivan, juillet 2013). L'arrivée de Chromecast (Google), similaire à AppleTV (moins cher, $35 au lieu de $99) pourrait accentuer cette tendance : est-ce la fin de GoogleTV ?
Le smartphone s'avère beaucoup plus smart que la smart TV. Et, les taux d'équipement en appareils mobiles atteignent des seuils qui en feront bientôt des appareils très grand public...

L'échantillon exploité par l'étude est faible pour que l'on aille plus loin dans l'interprétation de ses résultats ; néanmoins, cette étude longitudinale est originale et rare (mais très chère, 2 000 $ : je ne l'ai pas achetée). Elle nous livre une hypothèse explicative qu'il ne faudra pas négliger, notamment lorsqu'il sera question de publicité télévisée, de mesure des audiences et de promotion des programmes.
Par leur simplicité, les services de VOD et de streaming vidéo comme Hulu, iTunes ou Netflix ont de facto dévalué le téléviseur connecté (à tel point que Samsung rachète Boxee). Les appareils mobiles s'installent chaque jour davantage dans le quotidien des foyers.
Quant à l'interaction tellement célébrée, les réseaux sociaux s'y intéressent de près, court-circuitant la télévision connectée auprès des annonceurs.
La télévision sera connectée, c'est probable, mais peut-être pas le téléviseur.
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Les moteurs de recherche en Chine. Une indiscutable exception culturelle

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Le moteur de recherche Baidu (百度) domine le marché chinois, le premier marché au monde pour le Web. Mais Baidu subit une attaque redoutable et a récemment vu sa part de marché s'éroder (66,4%) au profit de Qihoo 360 (360搜索) qui a dépassé 16% de part de marché (pages vues). Qihoo 360 est une entreprise d'abord spécialisée dans le logiciel (antivirus) ; elle n'est rentrée sur le marché des moteurs de recherche qu'en août 2012. Qihoo s'est allié à Alibaba (阿里巴巴), pour développer un moteur de recherche dédié au e-commerce, 360etao.com.
La part de marché de Google (谷歌) était en juin 2013 de 2%, celle de Sogou (Sohu.com, 搜狗) proche de 9% (Sogou était à vendre : Baidu et Qihoo 360 auraient été candidats), celle de Soso (groupe Tencent) de 3%.  Source : CNZZ.com, juin 2013.
Mise à jour 16 septembre 2012
En septembre, Tencent a pris 36,5% de Sogou et fusionnerait Sogou et Soso.

Le premier marché du Web est donc tenu par des moteurs de recherche appartenant à des groupes que nous connaissons peu en Europe occidentale, marché dominé exclusivement par des entreprises américaines. En France, la part de marché de Google atteint 94% (Source : comScore, qSearch, décembre 2012).
Le marché chinois des moteurs de recherche, moins concentré que le marché français, est presque exclusivement contrôlé par des entreprises chinoises.
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jeudi 11 juillet 2013

Médias de la culture japonnaise en France : séries TV, animes, mangas et jeux vidéo

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Brigite Koyama-Richard, Mille ans de mangas, Paris, 2007
247 p. Ed. Flammarion, Bibliogr., Glossaire, 39,9 € 
L'annonce du lancement, en automne 2013, d'une chaîne dédiée à la culture japonaise (J-One) a confirmé et couronné une avancée de la culture japonaise en France commencée il y a plus d'une dizaine d'années.
J-One sera reprise par les opérateurs Canalsat et Numéricable. Elle s'appellera J-One car elle diffusera certains de ses programmes une journée seulement après leur diffusion au Japon. Elle traitera de "cultures pop japonisantes" (sic), ce qui devrait inclure les mangas, le cinéma, les séries, les jeux vidéo, les animesetc.
Dernière mise à jour 3/4/2018.
Il existe déjà une chaîne de télévision spécialisée, Mangas (crée en 1998, Groupe AB), ainsi que Game One lancée également en 1998 dont une partie de la programmation concerne encore les animes et les jeux vidéo (en 2001, Canal Plus a revendu la chaîne à Infogrames qui l'a revendue à Viacom). Enfin en octobre sera distribuée Anime Digital Network (ADN) née de la fusion des plateformes vidéo rivales, Genzai.fr et KZplay.fr. La chaîne NoLife, en revanche, a déposé son bilan en avril 2018. Elle avait été lancée en 2007.

La culture japonaise, exotisme, pour les Français, d'un "empire des signes" ? "Illusoire exotisme", dira Claude Lévi-Strauss. Sans doute... Le sabre, le chrisanthème, le go, le bonsaï, les estampes, le karaoké... "patterns of culture" ? On peut rappeler le japonisme des impressionistes, de Van Gogh, de Claude Debussy (une estampe de Hokusai trônait dans son salon). "La folie Japon", titrera L'Obs à la une (avril 2019), après Julie (novembre 2013).

Depuis de nombreuses années, la culture japonaise est représentée dans les médias français par trois genres alliant "modernisme et tradition", comme le sous-titrait, à son lancement, le magazine Planète Japon (mars 2005).
  • les mangas, accueillis en France par une puissante culture de BD, 
  • les jeux vidéos : "Legend of Zelda", "Final Fantasy", "Pokemon"... 
  • les animes (version animée des mangas) qui ont conquis un large public, en commençant par le public des enfants et adolescents, notamment grâce à la télévision ("Goldorak", "Ken le survivant", "Dragon Ball", "Olive et Tom" !)
Mentionnons, pour mémoire, le groupe japonais Rakuten (e-commerce de type amazon) ; il a acheté PriceMinister en 2010, lance en Europe un service de vente vidéo (Wuaki.tv). Ce groupe qui fut l'un des premiers investisseurs de Pinterest, qui investit dans le sport et le voyage, pourrait être amené à jouer un rôle sur le marché français de la culture.
France NewsDigest
juillet 2013
Hors des médias, la cuisine japonaise s'est faite une large place dans la restauration rapide et la gastronomie raffinée. Les arts martiaux ont également provoqué l'intérêt pour la culture japonaise : le judo d'abord, le karaté, sports où rituel et tradition (respect de l'adversaire, politesse) occupent une grande place. En revanche, les arts classiques et traditionnels (cérémonie du thé, ikebana, haïku...) ou la littérature (invitée d'honneur du Salon du livre en 2012) n'ont guère débordé les cercles spécialisés (cf. Haruki Murakami, "Kafka sur le rivage", par exemple) et ont à peine affecté les médias. Seul le cinéma d'auteur, et encore, s'est approché du grand public : Kurosawa, Kobayashi, Mizoguchi, Imamura. L'exception vient des animes : Miyazaki, auteur fameux de mangas est devenu populaire avec des animes aux succès considérables : "Mon voisin Totoro" (1988), "Princesse Mononoké" (1997), "Voyage de Chihiro" (2001), etc.

Dans la presse française, la culture japonaise a donné naissance à nombre de magazines et hors-séries. Pour les trente dernières années, on compte 120 nouveaux titres et hors séries consacrés, exclusivement ou principalement, à différentes formes de culture japonaise (source : Base MM) : arts martiaux, cinéma, séries, santé, animes, bonsaï (esprit Bonsaï), cuisine (Wasabi), estampes, gastronomie, jeux vidéos, tatouages, automobile, pêche, mode, érotisme, jardins, calligraphie, etc., quelques gratuits pour les Japonais en France, surtout à Paris (cf. Zoom Japon, France NewsDigest, etc.). Notons encore le mensuel Japon Infos : un regard différent sur l'archipel (2017), un trimestriel féminin pour enfants, publié depuis 2012 par les éditions Milan, Julie Kokeshi ("kokeshi" désigne des petites poupées traditionnelles en bois peint, cf. infra). En janvier 2017, paraît un nouveau trimestriel, ATOM, consacré à "la culture manga" (9,9 €) ; en septembre, Art of Japan (trimestriel, 14,9€, par Oracom). Signalons Koï qui vise plus largement les cultures asiatiques en France.
Planète Japon
Juillet 2013
Finalement, de toutes les formes de culture japonaise, après la cuisine, c'est le manga qui l'emporte en France, indirectement au travers des animes, directement en volumes papier : "Akira", "Naruto", "Hikaru no go", "Death Note", "Fullmetal Alchemist", "One Piece", "Ranma 1/2"... 1 600 titres seraient publiés en France chaque année. Ce succès du manga ne cesse d'étonner les auteurs japonais...

N.B.
Pour ceux qui s'intéressent ou veulent s'intéresser au manga, signalons le bel ouvrage introductif de Brigite Koyama-Richard (cf. supra) remarquable défense et histoire illustrée de l'art du manga.
Autres ouvrages évoqués :
  • Claude Levi-Strauss, L'autre face de la lune. Ecrits sur le Japon, Seuil, 2011
  • Ruth Benedict, The Chrysanthemum and the Sword. Patterns of Japanese Culture, Tuttle Publishing, 1954
  • Roland Barthes, L'empire des signes, Seuil, 1970

lundi 1 juillet 2013

Collectionneurs d'objets publicitaires. Magazine


Quelle place occupait la publicité dans la culture "à l'époque de la reproductibilité technique" ?
Question subsidiaire : quelle place occupent les pratiques de collection dans une culture numérique d'objets virtuels ? Qu'est-ce qu'une collection ?

Le magazine Collectionneur & Chineur répond, en partie, à la première de ces question, en acte, avec un hors-série sur "La publicité d'hier" consacré à des objets publicitaires à collectionner (100 p, 4,9 €).
Le magazine régulier est un bimensuel, lancé en septembre 2006, vendu 3,5 € au numéro. Il est édité par les Editions LVA spécialisées dans les titres traitant des collections (cf. Antiquités Brocante), de la moto et de l'automobile, et, par conséquant, des automobiles de collection (AutoRetro, Retroviseur, La Vie de de l'auto).

Ce hors-série passe en revue des objets conçus et distribués par les marques comme outils commerciaux afin d'augmenter leur notoriété, leur score d'agrément, et de fidéliser surtout : "communication par l'objet publicitaire".
Beaucoup d'objets publicitaire d'autrefois s'adressaient aux enfants qui devenaient prescripteurs de produits alimentaires ; du coup, beaucoup d'objets publicitaires ont pris la forme de jouets. Souvent aussi, l'objet publicitaire vise les distributeurs (cafés, garages, etc.) dont il anime et décore le point de vente tout en renforçant et répétant l'image de marque du produit, sans intrusion.
  • Rappel : d'après l'IREP qui analyse les dépenses de communication des annonceurs, la part de marché de la "publicité par l'objet" était, en 2012, de 4,4% (plus que la radio, plus que l'affichage, que la presse quotidienne, que la presse magazine, que la PLV...).
La collection constitue un indicateur d'engagement d'une famille envers une marque et un produit. De plus, la collection engendre un réseau de collectionneurs et un marché (échanges, argus, bourses, etc.). Un cas classique est celui des images offertes dans les emballages de tablettes de chocolat (Meunier, Lanvin, Kohler, Nestlé, Poulain, etc.) collectionnées et collées dans un album. On trouve aussi dans ce hors-série beaucoup de voitures miniatures (Ricard, Nescafé, glaces Gervais, etc.), beaucoup de porte-clés, d'accessoires scolaires (protège-cahiers, porte-plume, buvards, double-décimètres, crayons). Les enfants aiment collectionner : les éditeurs de presse le savent bien (cartes Pokemon !). N.B. Poulain a relancé en 2013 sa collection d'images en ligne.

Les objets publicitaires s'insèrent dans la vie quotidienne, ils ont souvent une utilité (valeur d'usage).
Prenons des exemple dans le hors-série. Les objets publicitaires participent de l'animation des bistros et des cafés, lieux majeurs de socialisation et de rencontres, donc occasions sympathiques de multiplier des contacts avec la marque : cendriers, pichets (Berger, Ricard, bière La Meuse, Pernod), verres doseurs, becs verseurs, carafes, carnet pour compter les points aux cartes, boîte pour jeux de cartes (Suze, St Raphaël), ouvre-bouteilles, décapsuleurs, pendules, thermomètres, menus, lampes, briquets, calendriers perpétuels, étuis de jeux de dés, pistes de jeu de dés, etc.
Le bistro du XXème siècle était un univers publicitaire et, à sa manière, un réseau social.
De la même façon, les objets publicitaires s'insèrent dans l'équipement de la cuisine : boîtes de toutes formes, bols, livres de recettes, tire-bouchons, verres, tasses, etc.

Ethnologie de la collection ?
Pratiques culturelles des Français, o.c. questionnaire
"Passion ordinaire", la collection (Christian Bromberger, Hachette, 1998) ? "Culture du pauvre" (expression de Richard Hoggart) ?
Dans Les Pratiques culturelles des Français, édition 2008, la pratiques des collections faisait l'objet d'une question (cf. QA4, ci-joint).
Pierre Bourdieu classe les collections parmi les pratiques culturelles témoignant d'une "bonne volonté culturelle"(cf. La distinction. Critiques sociale du jugement, Paris, Editions  de minuit, 1979, p. 404 sq) : il épingle le "petit-bourgeois" collectionneur de "petits objets de peu de prix (timbres, objets techniques en miniature, etc.) auxquels il consacre son temps et sa minutie classificatoire" (p. 379). Jugement de classe, psychologie condescendante ? La sociologie de Bourdieu frôle sa limite. Certains vont plus loin que le sociologue pour faire de la collectionnite une pathologie, une addiction !
Retenons que toute collection, savante ou populaire, met en oeuvre des opérations communes de sélection, de classement (tag).

La collection est une pratique omniprésente dont l'ethnologie semble peu développée. Peut-on la rapprocher de pratiques culturelles comme celle des supporters sportifs qui savent tout d'une équipe, d'un champion ("passion ordinaire") ? Peut-on la rapprocher de certaines formes de travail de spécialisation "intellectuelle" (sur un auteur, une époque, un thème, etc.) qui fait les sujets de thèses. Collection de savoirs ? Base de données ? Si tout objet est susceptible d'être collectionné, toutes les collections n'ont pas la même légitimité sur le marché culturel. Et la collection, en elle-même, semble peu légitime. A moins qu'il ne s'agisse de tableaux, de livres anciens...
La collection doit pouvoir être montrée (du petit musée privé aux musées publics, valeur d'exposition sociale) et vendue. Ce magazine, comme d'autres sur le même sujet, contribuent à l'organisation de ce marché.
Magazines spécialisés en vitrine. Librairie spécialisée. Paris 6ème
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