mardi 29 avril 2014

Publicité TV aux Etats-Unis : tellement locale


Automobile (concessions), télécoms, santé (hôpitaux) et restauration "lente" ("full service restaurants") sont les premiers secteurs à investir dans la publicité locale à la télévision américaine. Sans compter la publicité électorale - que les candidats et leurs partis doivent payer - et qui peut rapporter beaucoup aux stations de certains DMA.

Selon BIA/Kelsey (Investing in Television Market Report), le chiffre d'affaires de la publicité locale des stations terrestres dépassera 20 milliards de dollars en 2014. Pour avoir une idée complête de la puissance de la publicité locale à la télévision, il faut encore ajouter la publicité diffusée sur les réseaux câblés locaux ainsi que les revenus locaux des sites Web des stations.

Pour les stations, la concurrence dangereuse peut venir surtout de la vidéo en ligne. Cette concurrence venue du Web les inquiète : comment doivent-elles réagir ?

Et en France ? 
Alors qu'aux Etats-Unis elle se trouve à la base du développement télévisuel, la télévision locale ne marche guère en France. Pourquoi cette bizarrerie ? 
La vidéo en ligne pourra-t-elle s'emparer de ce marché local et le sortir de sa longue et calme jachère ?


Source : BIA Kelsey, avril 2014.

samedi 26 avril 2014

A magazine is dying. Why?


The Ladies Home Journal, a monthly women's magazine, published 10 times a year by Meredith Corporation, launched in 1883, is dying. It was, as M. McLuhan said about women's magazines, a true textbook, instructions for the American middle-class women's lifestyle. A how-to magazine for home and family. It was at first "Women at Home" and then Ladies Home Journal and Practical Housekeeper". Savoir vivre and savoir faire. It was one of the seven sister magazines with Better Homes and Gardens, Family Circle, Good Housekeeping, McCalls, Redbook and Woman's Day.
The Journal will survive - how long? - as a website (http://www.lhj.com/), an app for tablets and a quarterly sold only at newsstands.

Of course, its demise is said to be advertising's fault!
The readership is getting older (median age: 57.9, source MRI 2012) and the magazine is probably not read by media-planners anymore. To those from the smartphone generation, it looks like an old-fashioned magazine for their mothers or grandmothers.
Obsolescing, diminishing readership, non-exclusive readership: one that can easily be targeted otherwise (by TV, Facebook): this is not due to advertising but rather to editorial content. Advertising is not manna falling miraculously on the media.
If a magazine's business model is based mostly on advertising, then the content must be determined by targeting and monetization of precisely targeted readership. In fact, journalists and reps should work hand in hand using the very same targeting tools (data). The time when a "Chinese wall" separated them is over. Who still believes in such a Chinese wall anyway?

The revolution in magazine publishing will probably come from analysis of all kinds of data from all kinds of devices related to a media (surfing, subscribership, shopping, apps, newsletters, blogs, mails, etc.).
If we want to understand why The Ladies' Home Journal is dying, we need a precise diagnosis, made with data. The cure also will come from data.

lundi 21 avril 2014

Le GRP fait la loi, mais le téléspectateur aussi


Avec OCR et vCE, voici le retour du GRP. La télévision impose sa loi au Web, au moins lorsqu'il s'agit de vidéo. YouTube (Google) s'est finalement soumis ; le Web s'aligne pour attirer les annonceurs de la télévision et promettre l'amélioration de l'image de marque (branding). OCR est intégré dans Doubleclick.
OCR sera cet été étendu à la vidéo mobile. Les tests techniques seront menés avec BrightRoll et TubMogul qui testent OCR depuis 18 mois. OCR recourt au panel Nielsen de foyers "cross-platform homes" et à des données anonymisées de tierces parties (third-party providers).
De son côté, comScore annonce aussi la mise en place de la mesure des GRP sur mobiles : Campaign Essentials Mobile (vCE Mobile) et validated Media Essentials Mobile (vME Mobile).
Comme OCR, comScore prendra en compte, dès l'été, la publicité Web mobile aussi bien que la publicité dans les applis iOS et android (in-app ads).

Les deux instituts d'études promettent aux annonceurs une meilleure connaissance de l'efficacité des campagnes d'image (branding) et aux éditeurs (publishers) une meilleure valorisation de leur inventaire. Aux uns et aux autres, comScore et Nielsen promettent une mesure légitime, consensuelle, compatible avec celle de la télévision (couverture, répétition, GRP) : il s'agit en effet, pour les médias on-line, d'attirer les annonceurs de la télévision vers le Web.

En conséquence, il faut s'attendre à davantage de publicité sur les appareils mobiles. Toutefois le smartphone reste un appareil particulier : la réaction à la publicité risque d'y être pour le moins circonspecte voire récalcitrante, l'audience étant plus soucieuse de rapidité, entre autres pour des raisons de facturation. La catégorie "mobile" n'est pas homogène, aussi serait-il raisonnable de distinguer, dans les statistiques de consommation, ce qui concerne les tablettes et ce qui concerne les smartphones. Ce qui n'est pas fait, sans doute par commodité et problème d'effectifs pour les échantillons.

Pour tempérer les enthousiasmes quant à la télévision sur mobile, reportons-nous à une publication récente de IPSOS OTX ; il s'agit d'une étude conduite en février 2014 dans 20 pays : Channeling TV Habits, 15 551 personnes de 16/18-64 ans. L'étude indique que le téléviseur reste l'appareil préféré pour regarder des émissions de télévision. Et que cette consommation s'effectue de préférence en direct (télévision linéaire) à raison de 81% aux Etats-Unis, de 93% en Europe (Allemagne, Espagne, France).
La télévision traditionnelle résiste.

jeudi 17 avril 2014

Binge, magazine pour sériephiles


"To go on a binge" : se laisser aller (à boire, manger, etc.). "To drink heavily", selon le Oxford English Dictionary. Un mot anglais dont on ne sait rien, un mot sans histoire. Evoque To indulge... remise de la peine due au péché (christianisme). Donc un excès que l'on se pardonne. Nous revoilà à la télé perçue comme drogue douce ("plug-in drug", etc.). La société du spectacle n'est-elle pas un paradis artificiel ? Attendons le "Binge watching disorder" !
L'expression "binge viewing" a fait fortune depuis la diffusion simultanée par Netflix, pour la première fois, des 16 épisodes d'une saison de "House of Cards" en avril 2013 (cf. Chronologie des médias et consommation groupée -Binge viewing ; "Binge viewing. Nouveau régime télévisuel"). Convaincu, Comcast organise pour ses abonnés à xFinity un "Watchathon Week" qui obtient un grand succès, selon l'opérateur.

Binge est un magazine trimestriel de 100 pages, dos carré, publié par la société 2B2M, diffusion MLP. Binge est vendu 5,9 € en kiosques. 100 pages. Abonnement annuel : 4 numéros pour 22 € avec, en cadeau, un coffret de 3 DVD ("Bates Motel"). 5 pages de publicité (séries, bière, BD).
2B2M a racheté en septembre Chronicart, mensuel généraliste culturel (Chro désormais), qui couvre aussi, entre autres, les séries télé. 2B2M publie également Popcorn un bimestriel de cinéma (depuis 2013) qui traite aussi des séries.

Au sommaire de ce premier numéro de Binge : "Game of Thrones", un article sur les adaptations de roman ("Racines littéraires"), "24: Live Another Day" et "Gang Related" (Fox), "Gomorra" (Sky, en 2015 sur Canal+), "True Detective" (HBO), "Skyfall" (Showtime), un article sur "L'Australie, l'autre pays des séries"...
Le magazine annonce et prépare ses lecteurs aux séries à venir en France.

En matière de télévision, la presse magazine épouse l'évolution du média : le guide de programmes correspondait à la télévision linéaire, au téléviseur familial et à son audimètre. Puis vint le magnétoscope et les enregistrements (DVD, etc.) ; Binge est le magazine de la télévision complètement délinéarisée : il n'y est presque plus question de chaînes mais de programmes, d'émissions, d'œuvres autonomes, de tournages. Peu importe le canal ! En s'évadant de la grille des chaînes, le format série prend une liberté nouvelle.
De plus, la chronologie réelle de diffusion des séries américaines est bousculée : les chaînes contrôlent de moins en moins le calendrier des consommations ; celui-ci se rapproche du calendrier américain, entre autres. Ainsi, "24:" sera diffusé presque en même temps aux Etats-Unis (Fox) et en France sur Canal+ ("24h Chrono").

lundi 14 avril 2014

Médias sociaux et télévision


Nombre d'études rappellent que pendant les émissions de télévision, il y a beaucoup d'activité sur les réseaux sociaux, que les émissions suscitent. Certes, mais une large part de cette activité n'est pas consacrée à la télévision. Une nouvelle étude, effectuée aux Etats-Unis, confirme que le multiscreentasking pendant une émission concerne des intérêts beaucoup plus larges que la télévision. En regardant une émission, les téléspectateurs présents sur les réseaux sociaux ne parlent pas que télévision.

L'étude conduite par Nielsen pour le Council for Research Excellence vise à rendre compte de la relation des réseaux sociaux et de la télévision regardée. Elle a recouru à une appli sur mobile pour que soient déclarés par les téléspectateurs, à tout moment de la journée, leurs contacts avec les émissions de prime time ; le terrain a duré 3 semaines, 1 665 personnes âgées de 15 à 54 ans y ont participé (échantillon représentatif de la population américaine), du 16 septembre au 6 octobre 2013, lors de la rentrée de la nouvelle saison télévisuelle. La méthodologie était de type budget temps (diary), l'enquêté utilisant un smartphone pour noter ses comportements (on a compté 78 310 entrées pour 1 596 émissions).

Résultats : une personne sur 6 utilise un média social tout en regardant la télévision, mais dans la moitié des cas seulement, c'est pour parler de la télévision. Facebook est le média social le plus souvent mobilisé pendant la consommation de télévision. Beaucoup plus souvent que Twitter.

Comment est prise la décision de regarder ? Les personnes interrogées attribuent surtout leur choix aux auto-promotions ou messages publicitaires diffusés à la télévision pour l'émission. Ou encore à l'inertie : elles regardent l'émission suivante, sur la même chaîne, tout simplement.
L'influence des réseaux sociaux s'avère minime ; elle est inférieure à celle des guides de programmes TV. Malgré ce que pourrait laisser croire l'agitation qui entoure les médias sociaux, ces derniers sont dans l'ensemble peu déterminants pour la consommation télévisuelle : la télévision reste un média autonome.

Sources : Council for Research Excellence, Nielsen. 10 avril 2014.

mercredi 9 avril 2014

Hors-série sur les séries TV


Studio Ciné Live, magazine du groupe Express-Roularta consacre un excellent hors-série à "toute l'actualité des séries télé" (5,5 €). Pour réaliser ce numéro, la rédaction a sélectionné 40 séries, 20 essentielles, 20 prometteuses. En introduction, un dossier de 20 pages est consacré à "Game of Thrones" (HBO), la série où ce sont les méchants qui gagnent, série qui a débordé les serveurs de HBO Go lors du début de la quatrième saison : cet accident mesure-t-il le succès de la série ou fait-il partie de la promotion ? En tout cas, HBO vient de commander deux nouvelles saisons de la série.

Le rédacteur en chef, Fabrice Leclerc, pose d'emblée les termes d'un problème crucial quant à l'industrie de la fiction : cinéma et / ou séries TV? La télévision semble en voie de dominer le marché de la fiction : pourquoi ? Afin de pouvoir répondre à ces questions, il nous semble qu'il manque à ce hors-série une partie sur la fabrique des séries aux Etats-Unis, sur leur modèle économique. Ceci permettrait d'éclairer les raisons de leur domination du marché télévision occidental. Pour un numéro futur ?

Parmi les séries essentielles, la rédaction a retenu, entre autres : "Mad Men" (AMC) dont la septième et dernière saison a déjà fait le plein publicitaire (CPM : 65 000 $ loin toutefois du record de "Breaking Bad", AMC aussi, 340 000 $), "Sherlock" (BBC), "Homeland" (Showtime), "The Good Wife" (CBS), "The Mentalist" (CBS), "Downton Abbey" (PBS), "House of Cards" (Netflix) et une série de France 3, "Un village français". Puis viennent les séries prometteuses, autant d'invitations à regarder. Cette double sélection caractérise brièvement chaque série, indique les modalités de diffusion aux Etats-Unis et en France (chaînes, DVD).

Puis viennent des articles transversaux : un dossier sur les "téléstars" (actrices et acteurs à forte notoriété aux Etats-Unis) et un article sur les "téléstars" qui réussissent à passer des séries au cinéma. Signalons également un article analysant les séries comme des "reflets de nos sociétés". Ce point, si classique et rarement révoqué en doute, mérite discussion. Tout d'abord, il n'est pas impossible que la société reflête en retour l'univers des séries américaines. Mais surtout, il serait plus juste de parler des séries comme "reflets de la société américaine". En fait, ces séries sont consommées de deux manières : l'une par les publics américains, l'autre par les publics étrangers. Il faudrait donc évoquer l'influence sur les publics français de ces séries et de la réprésentation qu'elles véhiculent des cultures américaines fonctionnant comme modèles et singées à tout va : hexis corporel et techniques du corps, habillement et mode, expressions américaines insérées dans la langue parlée en France, etc. Mais n'est-ce pas trop simple ?

Le public français n'est-il pas condamné, comme d'autres publics non américains, à ne comprendre ces séries qu'au premier degré de l'intrigue et des personnages (storytelling / narration), manquant la plupart des connotations culturelles, les allusions, la saveur de la langue et des accents.
Existe-t-il - peut-il exister - des travaux de recherche sur ces sujets qui dépasseraient l'analyse de contenu et traiteraient de la réception des séries par tel ou tel segment de public ?

mardi 8 avril 2014

Deux visions du temps qu'il fait à la TV : WeatherNation vs Weather Channel


Une bataille a opposé The Weather Channel à l'opérateur satellite DirecTV. Du point de vue de l'opérateur, The Weather Channel est trop cher. Les opérateurs paieraient 13 cents par abonné par mois pour la retransmission de la chaîne (selon SNL Kagan). DirecTV lui a substitué WeatherNation avec un contrat pluri-annuel.
DirecTV compte 20 millions d'abonnés (fin 2013), c'est le second opérateur après Comcast.

Ce n'est peut-être qu'une partie du débat.
The Weather Channel a une programmation mixte, qui se généralise : 1/3 météo, 2/3 reality shows et séries ("Deadliest Space Weather", "Coast Guard Alaska", "Highway Thru Hell", "Prospectors"). Programmation en partie concurrente des autres chaînes. De plus, la chaîne est contrôlée par le câble-opérateur Comcast (NBCUniversal), quelque peu concurrent des opérateurs satellites et télécom.
En revanche, WeatherNation a une programmation exclusivement consacrée à la météo ("all weather related information all the time", selon le responsable des contenus de DirecTV).
Deux logiques d'agrégation s'opposent : celle du distributeur global (MSO) et de son bouquet, d'une part, celle de la chaîne, d'autre part. Pour résister aux offres concurrentes issues du numérique (OTT), comme Netflix, l'opérateur doit préférer rassembler un bouquet de chaînes nettement thématiques, clairement distinctes. Or The Weather Channel semble se dé-thématiser en mêlant information météorologique et fiction.
Enfin, l'importance discriminante d'une chaîne météo décroît avec la prolifération de sites et applis spécialisés dans la météo, disponibles en permanence sur support mobile.

Mise à jour 9/8/2014

The Weather Channel a fait marche arrière et a réduit de moitié la part de fiction dans sa grille des jours de semaine. Les abonnés à DirecTV pourront aussi regarder gratuitement la chaîne sur des supports mobiles. De son côté, DirecTV a accepté d'augmenter légérement le réunération de la chaîne.
Le P-DG de la chaîne a présenté ses excuses. Difficile de se priver d'un potentiel de 20 millions d'abonnés.

samedi 5 avril 2014

Aereo : coupure dans l'économie de la télévision américaine


Aereo est un dispositif qui permet de recevoir sur tout appareil numérique, mobile ou fixe, la télévision diffusée localement par voie terrestre moyennant un abonnement pour couvrir l'accès à une antenne distante et à un enregistreur numérique distant également (in the cloud platform).

Depuis son lancement en 2012, Aereo divise le marché américain de la télévision. Avant le 22 avril 2014, date à laquelle la Cour Suprême doit se prononcer sur sa légalité et sur son avenir, les prises de position publiques sous la forme d'amicus brief adresses à la Cour se multiplient, révélant une structuration du champs des intérêts télévisuels. Les positions hostiles ont été les premières à se manifester (cf. Aereo insupporte les puissances télévisuelles américaines), ensuite, se sont fait connaître les organisations favorables à Aereo.
Cette division des acteurs du marché recoupe d'assez près celle du débat sur le SOPA (2012) : logique puisque l'enjeu du débat est celui du droit d'auteur et des contenus. Cette division révèle la coupure entre les entreprises anciennes qui produisent et contrôlent les contenus, d'une part, et les entreprises nouvelles nées des technologies numériques, entreprises de spectacles sans contenus (ou très bon marché, user generated content) qui exploitent la socialisation, la recherche et la mise à disposition de contenus.

D'un côté, favorables à Aereo, les entreprises d'électronique et de cloud computing, les associations de consommateurs qui prônent la réduction des coûts du numérique et les méta-média (entreprises dont le métier consiste à faciliter l'accès à des contenus, sans les produire : ce sont surtout des sociétés exploitant le Web comme Facebook, Google, etc.). Selon elles, Aereo peut être assimilé à une antenne ou à un enregistreur numérique (DVR).
De leur point de vue, la Cour Suprême doit être neutre quant à la technologie, il n'est pas dans son rôle de définir l'avenir de la télévision ("either way, the Court should not attempt to predict the future of television.”)

De l'autre côté, hostiles à Aereo, se trouvent les partisans du status quo ante bellum, détenteurs directs des droits d'auteur ou en profitant indirectement : stations et groupements de stations (networks), studios.

Pour Aereo :

The American Cable Association (ACA) qui représente plus de 800 petits et moyens câblo-opérateurs (et non les MSO)
Dish Network / Echostar (opérateur satellite / satcaster)
Consumer Electronics Association
Electronic Frontier Foundation
Public Knowledge
Engine Advocacy
Des associations de consommateurs : The Consumers Union (CU), the Consumer Federation of America (CFA)
Computer & Communications Industry Association (CCIA) qui compte parmi ses membres, entre autres, Google, Yahoo!, Samsung, Microsoft, Facebook, T-Mobile. Elles défendent surtout le cloud computing.
Mozilla Corporation
Des petits opérateurs indépendants de stations comme Blok Broadcasting (WKRP Cincinatti), Soul of the South Television, WatchTV, Mako Communications, LeSEA Broadcasting, Cocola Broadcasting

Contre Aereo :

SAG-AFTRA (syndicat d'acteurs, artistes, animateurs, journalistes du secteur de la télévision)
Les studios : Viacom, Time Warner, Warner Bros Entertainment
Les networks, y compris PBS
Les groupes de stations de télévision locale
Des ligues sportives professionnelles : NFL, MLB
L'administration Obama

jeudi 3 avril 2014

YouTube upfront à l'assaut des networks


A l'image des networks nationaux de la télévision américaine, YouTube envisagerait de garantir, aux Etats-Unis, l'audience de l'espace vendu en avance (upfront). En télévision, actuellement, une partie de l'espace publicitaire prime-time des networks - environ les deux tiers - peut être réservé / achetée / vendue jusqu'à neuf mois avant la diffusion.
Ainsi, les marché vidéo (TV) on- et off-line, se trouveraient placés sur un même plan, suivant les mêmes règles d'achat, recourant aux mêmes unités de mesure (OCR Nielsen ou VCe comScore, intégrés dans DoubleClick) pour évaluer le montant des éventuelles compensations. Pour un annonceur ou une agence, une campagne pourrait être mixte, mêler sans difficulté un support à l'autre ; la comparabilité serait presque parfaite, l'un compensant éventuellement l'autre. De plus, YouTube, multi-plateforme, pourrait introduire une forme de capping qui donnerait un avantage à la vidéo on-line : la diffusion s'arrête quand un seuil contractuel a été atteint (couverture, GRP).

YouTube s'aligne donc sur les pratiques du marché publicitaire de la télévision pour mieux le pénétrer. Un espace "premium" pourra être réservé et garanti. A cet effet, il semble que YouTube hiérarchiserait son offre publicitaire, distinguant des supports "premium" pour ce segment de marché télévisuel, mis à part du reste de l'offre vidéo on line, souvent perçue comme proliférante et donc dévalorisante. Il s'agirait en fait d'organiser une certaine rareté pour sortir d'une représentation défavorable propagée par le programmatique (RTB, etc.) et de prix tirés vers le bas (remnant inventory).
Stratégie de monétisation : au lieu de passer après la TV, vendu comme un média de comblement, subalterne, YouTube pourrait se présenter sur le marché en même temps que les grands acteurs et viser les gros budgets avec des CPM concurrents de ceux de la télévision nationale.
Logiquement, YouTube devrait être présent en mai-juin pour les négociations du marché TV upfront.

Passée cette première étape américaine, et selon ses résultats, YouTube, qui est un média mondial, pourrait être tenté de développer une démarche de monétisation semblable en Europe. Mais les marchés TV européens fonctionnent différemment...

L'assimilation de la télévision par le Web ne passe pas seulement par son évolution technologique ; elle passe par une évolution commerciale du Web. La télévision, que l'on dit vaincue (technologiquement), est-elle en train de conquérir le Web (commercialement) ?