dimanche 30 novembre 2014

Technologies, opium du peuple ?


Humanoïde : le magazine trimestriel coûte 5 € (abonnement 16,9 €), 100 p., diffusion Presstalis. Editeur Presse Non Stop. 

"A contresens sur l'autoroute de l'information", promettait le n°1, plutôt "méfiant" envers les technologies (juillet 2014) ; "La technologie est l'opium du peuple", assène le n°2 (octobre 2014), plus conciliant mais avec humour. Le titre cherche sa voix et son positionnement, son lectorat.

"Humanoïde" désigne ce qui a les apparences humaines. Allusion aux robots et automates (cf. "Googlenator ou Inspecteur Google"), à l'intelligence artificielle (cf. "Siri, Google Now et Cortana, la voix cassée des intelligences artificielles", dans le n°1) ? Voilà pour le contenu.
Pour la ligne éditoriale, une proposition provocatrice l'éclaire : en quoi la technologie est-elle l'opium du peuple, comme l'affirme le n°2 en sous-titre ? Voici une hypothèse féconde et unificatrice pour traiter du numérique en ses multiples manifestations. Pour Marx, "l'opium du peuple" était la religion, "soupir de la créature opprimée", "protestation contre la misère réelle" (Introduction à la critique de la philosophie hegelienne du droit, 1844). La technologie numérique peut retrouver nombre de ces sympômes dans un tel tableau clinique. Déjà Calvin and Hobbes, la BD, avait signalé que la TV, mieux encore que la religion, était l'opium du peuple (cf.infra. Merci ZeM pour cette référence).

A voir l'utilisation constante des smartphones, en toute circonstance, par tout un chacun, on peut s'interroger : quels besoins remplit cette sempiternelle connexion, quel rôle satisfait cette communication rituelle. Je connecte donc je suis : cogito numérique. Comportements religieux ? Soupirs des créatures opprimées ? Le mobile comme époux/se numérique tout comme l'automobile fut l'époux/se mécanique ? Folklore de notre monde (cf. Marshall McLuhan, Mechanical Bride: Folklore of Industrial Man, 1952) ?
Au plan politique circule l'idée, mais on n'y croit guère, que la technologie résoudrait tous les problèmes : transport, éducation, sécurité, économie, santé, emploi... Les paradis d'intelligence artificielle seraient proches. Is the singularity that near? Tel héros, tel people de l'économie numérique, tout auréolé à la une, "va-t-il sauver l'humanité ?" (n°2) demande le magazine, ironique à juste titre : avec le numérique, la tentation du prophétisme n'est jamais loin. Après l'article sur Elon Musk (n°2), excellent mais qui pourrait prendre plus de distance avec le journalisme people et sa réduction psychologiste des entreprises, on attend au tournant un article sur Uber...

Comme toujours le papier accompagne le numérique, comme un contrepoint. Déjà les anciennes techologies, radio, cinéma, TV, jeux vidéo avaient donné naissance à des dizaines de magazines papier grand public. Le magazine papier depuis longtemps est un média d'accompagnement des médias.
"Pas seulement le magazine papier de la société numérique, mais un magazine de société sur les nouvelles technologies" (édito du n°1), ceci positionne résolument le magazine comme un miroir où l'époque se regarde et se mire. Voici l'engagement de la rédaction ; allez savoir ce qu'est un "magazine de société" (en est-il d'autres ?). Comprenons généraliste, pas spécialiste ; nécessité pratique d'obéir aux classification marketing, de situer le titre sur les linéaires encombrés... Référencement.

La structure rédactionnelle ne varie pas d'un numéro à l'autres. Cinq parties : actualité, "décryptage" (sic), technobsession, hygiène numérique, objetisation. Une couleur à la une, un portrait aussi. Un photographe pour chaque numéro, belle idée.
Humanoïde est également disponible en version numérique, en ligne, sans appli.
Le magazine est agréable à lire, à feuilleter. Sa manière de prendre les problèmes demande de prendre son temps, douter, dérouiller les clichés du moment, langagiers ou visuels, pièges de l'actualité, qui freinent et énervent la réflexion. Sortir du credo intéressé des spécialistes pour faire voir la "grande image" où les technologies numériques prennent leur sens.


dimanche 23 novembre 2014

Obama, Facebook et les networks


S'il ne l'a pas formellement demandé, le Président Obama aurait souhaité que les grands networks reprennent son discours de 14 minutes consacré à l'immigration illégale, question politique d'importance nationale à laquelle la population hispanophone est particulièrement sensible.
Les networks ont refusé de retransmettre le discours d'Obama, lui préférant les émissions prévues dans la grille initiale : ABC a diffusé "Grey's Anatomy", CBS "The Big Bang Theory", NBC "The Biggest Loser" et Fox "Bones". La raison invoquée : il s'agissait d'un discours politique partisan. On a pu y voir un engagement pro-républicain des networks. En fait, le choix était sans doute aussi économique : c'est la période des sondages d'audience locaux (sweeps) et le prime time du jeudi est important pour les stations.
Seuls PBS, le network de la télévision publique, Telemundo et Univision, chaînes hispanophones, ont retransmis le discours et bousculé leur grille pour lui faire une place.

En revanche, de manière inattendue, WNBC (DMA n°1), la station O&O new-yorkaise de NBC a préféré diffuser le discours du Président, en direct à 20 heures. WNYW, la station O&O Fox de New York, également, WLS la station O&O ABC de Chicago (DMA n°3). Les stations, dans chaque DMA, firent leur choix, local.
A Washington D.C. (DMA n°8), WJLA, la station affiliée ABC (Sinclair Boradcast Group) diffusa l'épisode final de la série "Grey's Anatomy" ("fall finale") tandis qu'à Boston (DMA n° 7), WCBV, la station affiliée ABC (groupe Hearst), lui préféra le discours présidentiel.
Cet événement politico-médiatique illustre l'inaliénable localisme de la télévision américaine et l'indépendance de programmation des stations, même lorsqu'elles sont des filiales owned and operated (O&O) de networks nationaux. Les stations locales ont d'abord le souci des téléspectateurs de leur marché.
On observe également que les chaînes nationales grand public restent indépendantes du pouvoir politique national.

Le déficit de couverture de l'événement a pu être partiellement comblé par la diffusion en avant-première d'une présentation vidéo (1 mn) du futur discours présidentiel par Facebook ; ceci ne manquera pas de conforter le réseau social dans son positionnement de concurrent majeur de la télévision.
Les networks n'ont certainement pas apprécié cette incursion de Facebook sur leur marché.
Le président Obama, sur Facebook

mercredi 19 novembre 2014

YouTube: what kind of television is it?


There are now many kinds of television. Linear TV with stations, networks and catch-up TV, VOD, OTT / SVOD streaming (Amazon Instant Video, Netflix, VUDU and soon HBO)....
And then there is YouTube, $6 billion in revenue (2014).
YouTube is not always mentioned as TV but often as a social media (the second after Facebook). For the time being, YouTube is the first TV website, one of the only ones to show growth last year along with Amazon, Netflix, and HBO Go (cf. chart infra). What all started as a hobby for many YouTubers (uploading user-generated content) is now very professional and lucrative. And since the future of video is mobile, YouTube will obviously increase its market share; it will also take advantage of growing connected TV... (see also, in French, "mcn, les nouvelles voies de la télévision".)

Within YouTube, we have seen the development of multi-channel networks (mcn). An mcn can represent many- hundreds - of partner channels. An mcn works more or less both like an incubator and an ad network.
As an incubator or accelerator, it helps fund new media companies (DanceOn got $4 million in funding from Plus Capital and AMC Networks).
As an ad network, it represents new networks and sells their audiences, keeping part of the money collected through AdSense. It helps creators to monetize their audience.

Most mcns are specialized and many are or will represent competition for the cable TV networks. In the U.S.A.,  the majority are based in California, taking advantage of a rich media environment, studios and digital "startups", VCs, etc. Among the biggest MCNs:
  • Machinima (2000, California): video games (among investors: Google and Warner Bros). 154 million unique viewers, 3.6 billion views per month, half happening on mobile. (Source: Machinima, July 2015).
  • DanceOn (2010, California): dance and music. Among investors: AMC Networks.
  • Fullscreen (2011, California): "global youth media company", 450 million subscribers. Among investors: Comcast, WPP, The Chernin Group.
  • Tastemade (2012, California): for food lovers (among investors: Comcast, Liberty Media and Scripps).
  • AwesomenessTV (2012, California): programs for teenagers, like "Runaways", "I.M.O - In My Opinion": 14 million subscribers. Acquired by Dreamworks Animation in 2013.
  • Makers Studios (2009, California),  acquired by Disney in 2014.  42 million unique users.
  • StyleHaul (2011, California). Investors: RTL Group / Bertelsmann (93.6%). Fashion, lifestyle, beauty.
  • Whistle Sports with 195 channels targeting young audiences. Investor: BSkyB, $7 million.
Doesn't an mcn look like an MSO?

The YouTube business model is based on advertising ("free") although they claim they might soon start paid subscription channels based on themed topics as well.
On the advertising side, YouTube has proposed Premium video commercials ("preferred") which are like upfront buying, with audience guaranteed on targets, using Nielsen measurement.
And YouTube keeps innovating: shoppable videos are tested in the UK by the supermarket Asda (Walmart) with its Mum's Eye View channel....
Moreover, there are now tools, like Epoxy, to monetize MCNs audience on social media platforms (social reach optimization, analytics). Bertelsmann and Time Warner invested in the company...

From an advertisers and viewers' point of view, YouTube looks more and more like TV and less and less like the Web. In fact, generally speaking, TV is more and more an online media, the Web becoming the media of TV ("media mediorum"!). Not only is YouTube becoming serious competition for TV networks but it seems to act increasingly as a partner to them in the new TV ecosystem. 

TV websites. Source: survey by RBC Capital Markets, The Hollywood Reporter, October 2, 2014

mardi 18 novembre 2014

Programmatique et publicité extérieure. C'est pour quand ?


Partons de deux annonces de la semaine :
  • Clear Channel va numériser plus de 600 abris-voyageurs dans les grandes villes de Grande-Bretagne. 
  • JCDecaux va numériser les abribus d'Edimbourg. 
En France, Media Transports, précurseur, avec plus de 1 500 écrans dans le métro et les gares, a depuis plusieurs années déjà anticipé ce mouvement vers le numérique.

Les écrans prennent le pouvoir publicitaire dans les villes, les transports, les commerces.

Dès lors, inévitablement, la question de la gestion de ce nouvel univers publicitaire se pose en termes programmatiques (cf. Programmatic Ad Buying for All Video Advertising Markets). Et pour qu'il y ait programmatique, il faut une mesure de l'audience...

Justement ! Voilà que Lorraine Twohill, "Vice President of Global Marketing at Google", au détour d'un topo auto-promotionnel tenu à Dublin sur la publicité Web, s'étonne que la publicité extérieure ne soit pas encore passée au programmatique. Elle en appelle à l'innovation dans ce domaine qui, selon elle, en a tellement  ("sorely") besoin.
"Twohill predicted that all advertising will eventually become programmatic, including outdoor billboards, and voiced her surprise that all billboards across major cities are not yet digital, and called for innovation in the space which “sorely needs it”. The Drum, 7 novembre 2014.

Is this a hint? A threat? A warning?

dimanche 16 novembre 2014

High-tech : 60 millions d'internautes à équiper


High-tech, Le guide d'achat60 Millions de Consommateurs, I.N.C., 5€90, 116 p.

Pour les spécialistes des équipements numériques et du comportement du consommateur, ce hors-série peut se lire au second degré, comme un document de sociologie de la consommation. Si les  professionnels ne sont pas directement dans la cible, évidemment, ils peuvent en revanche y apercevoir comment se débrouillent des consommateurs peu avertis (non Pro-Am), non spécialistes, qui veulent acheter un appareil numérique à l'occasion des fêtes de fin d'année, et surtout quelles difficultés ils rencontrent pour préparer leur achat "high-tech". L'ampleur des choix, la complexité des critères, le vocabulaire même sont intimidants.
Le magazine joue le bon sens et le réalisme. Ici, pas de frime : le consommateur connaît ses limites, tant techniques que budgétaires et les assume. Le magazine se veut objectif, vulgarisateur, didactique même ; de plus, l'absence de publicité le rend moins vulnérable aux sirènes des marques...

Le contenu du hors-série se décompose en quatre parties ; elles sont précédées d'un lexique de 6 pages, dont la présence indique combien les termes de ce domaine sont mal connus : beaucoup de mots anglais et d'acronymes (formats de compression, etc.). Le sociolecte de ce domaine est loin d'être maîtrisé : NFC, octet, streaming, cloud, appli, entre autres, demandent encore explication (ignorance que l'on n'avoue pas toujours).
Chaque partie propose en termes clairs des comparaisons entre appareils, entre solutions ; c'est le point fort du magazine, connu pour ses essais comparatifs.
Comment choisir, optimiser en une seule décision la contrainte budgétaire et les usages. Le magazine permet un premier débroussaillage pour construire l'ensemble de considération. Mais il y a peu d'information et de conseils sur les garanties et le service après-vente.
  • Première partie : les appareils mobiles (smartphones, tablettes, liseuses, GPS). Cela commence par une explication des dimensions et des qualités d'un écran ; ensuite, le dossier évoque la batterie, les questions de sécurité, de robustesse et d'étanchéité (IP), le passage d'Android à iOS, les applis, le stylet, le confort de lecture, etc. N.B. : attention aux imprécisions : un ouvrage acheté sur Amazon est lisible sur iOS (p. 35).
  • Deuxième partie : les ordinateurs (surtout portables et hybrides), les imprimantes, le stockage (disque dur et cloud) et le jeu vidéo (ordinateur, console).
  • Troisième partie : la photographie, les téléviseurs (dont 4K), casques, baladeurs, lecteurs DVD et Blu-ray, videéo-projecteurs, micro-chaînes.
  • Quatrième partie : les objects connectés, la domotique, les montres et les robots. Cette partie est surtout un coup d'œil sur l'avenir proche, science fiction plutôt que guide d'achat, sauf peut-être pour l'aspirateur. 
La presse est ici dans son rôle de guide d'achat qui n'est pas (encore ?) détrôné par le Web. La décision d'achat s'alimente à plusieurs sources : l'avis des proches, le Web, le point de vente et les magazines spécialisés. Il faut bien tout cela pour s'y retrouver : le choix et ses hésitations font partie des plaisirs de l'achat.
Signalons à cette occasion la place des hors-séries, de plus en plus essentielle dans l'économie de la presse (60 millions de consommateurs en publie sept par an). Cf. sur le même sujet : le "Guide d'achat numérique", Hors-série publié par le magazine images (juillet 2014).
Quelques jours après ce numéro, 01 net publiait un hors-série guide d'achat sur "Le palmarès 2015 de la high-tech" (N° 83, novembre-décembre, 5,5 €)...

vendredi 14 novembre 2014

Facebook élu par les élections américaines


Les prochaines élections présidentielles américaines (novembre 2016) ont-elles déjà élu Facebook ?
Nous observons depuis quelque temps que Facebook fournit des données exclusives aux instituts d'études. C'est déjà ce que l'on peut observer en France, avec OCR (Online Campaign Rating), outil d'évaluation publicitaire de Nielsen / Médiamétrie pour lequel Facebook fournit les données socio-démographiques. Aux Etats-Unis, Facebook collabore avec Nielsen pour la mesure de l'audience de la télévision regardée sur des supports mobiles.
Facebook dispose d'une quantité de données de comportement et d'attitudes concernant 1350 millions de personnes (source : Facebook). De plus, ces données, rafraîchies fréquemment et interconnectées (non atomisées), permettent des études longitudinales.

Aux Etats-Unis,, les élections représentent un enjeu particulièrement important pour Facebook puisque la publicité électorale y est autorisée et qu'elle constitue une formidable source de revenus pour les médias. Dans la perspective des élections présidentielles de 2016, Facebook attaque ce marché dont profite surtout, jusqu'à présent, la télévision, nationale et locale. Notons que, pour annoncer sa politique d'immigration, le Président Obama a recouru à Facebook (cf. Byron Tau,"Obama Turns to Facebook to Announce Big News", Wall Street Journal, Nov. 19, 2014).
Lors de son entrée en bourse, Facebook avait prévenu que son ambition était de s'emparer du marché publicitaire de la télévision. A cette fin, Facebook dispose désormais d'une puissante force de frappe vidéo, notamment mobile.
Les élections vont-elles se jouer sur Facebook ? Le débat politique ne manquera pas d'y avoir lieu. De plus, Facebook sera la base d'analyses de sentiment politique ("sentiment analysis") effectuées à partir de son corpus langagier, immense et varié, naturel, actuel. Ces études seront mises à disposition des journalistes de Buzzfeed News et du network ABC, de leurs politologues et analystes électoraux (data journalism).

Que fera-t-on de telles données ?
S'il ne s'agit que de s'en tenir à la distinction entre opinion positive ou négative (opinion mining), il n'y a pas grand chose à en attendre, sinon des benchmarks donnant aux journalistes des occasions régulières de communiquer.
Mais Facebook aura aussi pour effet d'étendre le champ du politique et d'abaisser le "cens caché" qui barre l'entrée dans la politique (l'abstention a sa sociologie. cf. Alain Lancelot). Certes, ceux qui ne sont pas sur le réseau social, ceux qui n'y sont pas actifs resteront des "abstentionnistes". En revanche, même s'ils ne participent pas expressément à la discussion politique, les internautes actifs manifesteront sur Facebook des opinions, des sentiments, des émotions à partir desquels, grâce à l'analyse textuelle (NLP, deep learning), on pourra reconstituer des habitus susceptibles de prédire des dispositions politiques.
De telles analyses ajouteraient une dimension quali au quanti des sondages, un supplément d'âme, d'ethnologie électorale...

Source : Buzzfeed, The Facebook Election

Sky tisse en Europe sa toile télévisuelle

.
Sky (BSkyB) compte désormais 20 millions d'abonnés et 17 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel : c'est la taille des grands opérateurs américains (Multiple Video Progamming Distributors, MVPD). Si les fusions envisagées sont réalisées, Comcast + Time Warner Cable comptera plus de 30 millions d'abonnés, AT&T + DirecTV plus de 25 millions. En 7 ans, les tailles sont devenues plus importantes, apportant capacité de négociation des droits et diminution des coûts unitaires. Alors qu'aux Etats-Unis les désabonnements se multiplient (cord-cutting) la taille devient décisive. De plus, cette taille permet des lancements multi-nationaux : "Fortitude" (une série de 12 épisodes) sera lancée le 29 janvier 2015 en Europe, dans cinq pays (20 millions d'abonnés), et, aux Etats-Unis, auprès de 47 millions de foyers (sur la chaîne Pivot).

Ci-dessous un post publié en février 2008. Peu de changement depuis : la situation internationale de la télévision française s'est détériorée depuis la vente d'Eurosport à Discovery par TF1.
La télévision française pourra-t-elle longtemps ne pas être européenne alors que les entreprises média et le marché publicitaire du numérique sont mondiaux (Google, Apple, Netflix, Amazon) ?


25 février 2008
Après la Grande-Bretagne (BSkyB, plus de 8,2 millions d’abonnés) et l’Italie (Sky Italia, 4,3 millions d’abonnés), ce serait le tour de l’Allemagne ? News Corp. a pris en plusieurs opérations 25,01% du bouquet de chaînes allemand Premiere (dernière opération le 19 mai 2008). L'Allemagne est le premier marché télévisuel européen.

Premiere et son bouquet comptent 4,3 millions d’abonnés payants. Au total, plus de 16 millions d’abonnés pour News Corp. C’est la taille des grands opérateurs américains, DirecTV, Comcast, Time Warner Cable ou Dish Network.
Cet intérêt de News Corp. pour la télévision payante sur le marché allemand est passé presque inaperçu en France, tout obnubilés que nous sommes par notre « « microcosme ». Pourtant cet montée en puissance n’est pas sans conséquence sur le marché européen d’où les groupes français sont à peu près absents, à l'exception d'Eurosport (filiale de TF1) et ARTE, chaîne franco-allemande au financement public. De facto, la place de la télévision française sur le marché européen recule. A titre de comparaison, RTL Group, premier acteur audiovisuel et première régie du marché européen, détient en France 48,8% de M6 et contrôle RTL en radio.

La télévision est-elle un marché national ou un marché européen ?
Les deux, bien sûr. Un marché publicitaire européen, des produits publicitaires européens représentent la prochaine étape, inévitable, du développement des régies numériques. La France et la francophonie européenne ne constituent que l’une des grandes régions de l’Europe télévisuelle. Il faut commencer à penser la publicité en termes européens et à envisager des régies numériques de taille et de stratégie européennes.

.

lundi 10 novembre 2014

Out-of-Home TV: +9%


What is out-of-home TV (OOH)?
TV away-from-home includes TV-watching in bars, restaurants, hotels, stores, in other people's homes, in offices and work places, gyms, transportations, hospitals, waiting rooms... you name it.

Nielsen measured this TV consumption in Chicago (DMA N°3) with Portable People Meter technology (PPM). Nielsen acquired this measurement technology when buying Arbitron in 2013.
The three-month test, starting April 2014, combined data from an LPM (Local People Meter) panel and a PPM panel (adults 25-54, speaking English and Spanish).

The results are good news for TV networks and stations: the average increase coming from OOH TV is about 7 to 9% (a rating lift of 14% for sport programming); the increase is strong for daytime TV, although much less for prime time TV. But for the time being, OOH TV audience cannot be sold since it cannot be included in the current Nielsen metrics (NTI or NSI). It amounts to free audience for advertisers.

All the TV that fits? 
The question now is how to combine three kinds of TV consumption: in home, outside the home (OOH) and mobile (smartphones, tablets) which is both in and out of home?

NB : The PPM passive technology uses a device that tracks all kinds of TV exposure. It detects an inaudible signal (encoded by TV networks) but not actual viewing, which requires attention if not intention and could only be captured by a TV set with a sensor (as used for DOOH measurements. See Eikeo). The survey combines two definitions of TV audience: being in a room with a TV set on (People Meter) and hearing a TV signal (PPM). Figures for hearing are probably higher than for watching.

dimanche 9 novembre 2014

CBSN: chaîne d'info, format mixte


CBSN : CBS News et CBS Interactive ont lancé une chaîne d'information.
Distribuée OTT, la chaîne est accessible via le Web en streaming (téléviseur connecté, smartphone, tablette). Le format est hybride pour une consommation flexible : linéaire en direct d'abord (linear stream), de 9h à 24 h en semaine, avec des journalistes présentateurs (anchored) ; ensuite, les sujets antérieurs sont accessibles à la demande (en une sorte de catch-up TV). Pas de contenus nouveaux : la chaîne accomode des programmes provenant des chaînes de CBS et des stations affiliées : l'innovation est toute dans le repackaging.

Le modèle économique est publicitaire ; les annonceurs au lancement (inaugural sponsors) sont Amazon et Microsoft ; la chaîne est présente sur le site CBSnews.com, sur des applis smartphone pour Amazon Fire et Windows Phones, ainsi que Roku. Les versions Android et iPhone viendront plus tard, en fin d'année : le parrainage a son prix et ses conditions !

Concurrente des chaînes infos du câble / satellite comme Fox News, MSNBC ou CNN / HLN (Time Warner), CBSN ne remet pas en question le modèle économique du network avec sa double présence, nationale et locale. La télévision OTT ne menace encore que le câble / satellite : pas de problème pour CBS qui n'avait pas de chaîne d'information.