vendredi 29 juillet 2016

Yahoo! : les ironies d'une histoire


Yahoo!, l'exclamation qui évoque les cow-boys américains, s'est assourdie. Depuis longtemps déjà l'entreprise a perdu sa fraîcheur entraînante, son enthousiasme.

Alors que les aphorismes des grands prédicants de la culture start-up répètent à l'envi : "fail fast", Yahoo! a échoué lentement, de sursaut en sursaut. Ce n'est certes pas faute d'avoir pivoté, se prenant même quelque temps pour une chaîne de télévision.
Yahoo!, "Yet Another Hierarchically Organized Oracle", selon le fameux backronym, est né trop vieux : Yahoo! s'appuyait sur des classements manuels (human curation), du catalogage tandis que Google faisait des maths. Pourtant, à la fin des années 1990, l'annuaire de Yahoo! (directory) devint pour les internautes le portail d'entrée dans le Web, tandis que Yahoo Mail et Yahoo Messenger devenaient les outils courants de la communication électronique... en attendant Gmail.
En 2000, Yahoo!, au lieu de développer un moteur de recherche innovant et automatique, fit appel à Google qui, de son côté, mettait au point un algorithme, "PageRank", fondé sur l'importance des pages et des liens (links), exploitant les méthodes de l'analyse citatologique (citation analysis).

Depuis ce moment, Yahoo s'essouffle inéluctablement pour finir dans les filets de l'opérateur de téléphonie Verizon (ex-Baby Bell qui a déjà racheté AOL...) et déclare vouloir constituer un géant de la publicité. De son côté, Google renforce continuellement son moteur de recherche, le mettant dans les pas du machine learning, "the engine that'll drive our future", selon l'expression de son président (28 juillet 2016).
Par deux fois, Yahoo! aurait refusé d'acheter ou d'investir dans Google (1998 et 2002). En 2008, Microsoft proposa de racheter Yahoo! : voici maintenant arrivé le moment de l'histoire contrefactuelle ou des regrets : et si Yahoo! avait racheté Google, et si Microsoft avait acheté Yahoo! what if... 

2 commentaires:

Carole Boyer 226 a dit…

Avec des "si", on mettrait Google en bouteille !

Et l'ironie continue …. Alors que Yahoo! a confirmé le mois dernier le piratage de centaines de milliers de comptes, le rachat par Verizon semble compromis et fera certainement l'objet d'une nouvelle négociation. Si on imagine que les deux parties ont dû se "blinder" contractuellement et qu'il sera difficile pour Verizon de revenir sur ce rachat, il est difficilement concevable que cette affaire n'ait aucun impact sur la transaction finale …

"What if" Verizon avait déjà eu connaissance de cette affaire avant de sceller la transaction ? On ne peut pas imaginer que les rumeurs persistantes quant aux failles de sécurité depuis 2 ans aient pu échapper à l'opérateur pour une transaction avec autant d'enjeux !

Reste à savoir si cette affaire impactera sérieusement les millions de visites mensuelles que le portail parvient à générer et sur lesquelles Verizon lorgne pour ses activités publicitaires en ligne.

Mais le principal problème de Yahoo est de ne plus être le portail de recherches incontournable et indispensable… Google n'est pas non plus irréprochable en terme de protection des données personnelles mais son hégémonie lui permet de dépasser ces scandales.

Yahoo n'a pas misé sur le bon cheval à la fin des années 90, Yahoo n'est plus le bon cheval à la fin des années 2010. What if le géant Google connaissait un tel destin ?

Carole Boyer 226

Anonyme a dit…

Yahoo a fait un tas de mauvais choix stratégique, depuis le début des années 2000 c'est une véritable descente
aux enfers.
En 20 ans, la situation a dégringolé, notons qu'en 1996 Yahoo a été introduit en bourse, l'entreprise vend 2,6 millions d'actions côtées 13 dollars. Un an plus tard yahoo s'étend aux mails. En 1998, yahoo ne rachète pas Google pour 1 million de dollars, quelle ironie quand l'on y pense !

En 2002, Yahoo licencie des milliers de salariés. En 2008, Yahoo refuse son rachat par Microsoft, celle ci comptait l'acquérir pour 44 milliard de dollars. L'arrivée de Marissa Mayer n'a pas eu l'effet escompté, et en 2016 Yahoo est victime d'une gigantesque fuite de donnée.

Pour conclure l'on peut dire que Yahoo avait un avenir brillant devant elle, mais ses choix peu stratégiques l'ont coulé.

Angélique de La Tullaye