jeudi 2 mars 2017

Festival du cinéma mobile : 1 minute. Très très très courts métrages


Le Festival du film mobile a eu lieu pour la 12 ème année. MobileFilmFestival, un événement culturel témoignant de l'émergence d'une manière de voir et de dire.
La règle des 3 unités est imposée aux participant/es, claire et simple : 1 minute, 1 film, avec 1 mobile. Genre cinématographique à forme fixe, gage de créativité, comme le sonnet le fut pour la poésie. Smartphone, smart movie ?

51 films étaient en compétition. Projetés sur très grand écran dans une salle classique, plutôt grande. La salle était bondée et le public chaleureux, enthousiaste parfois, silencieux parfois, ému, surpris ou gai. Ce fut un très bon moment pour le spectateur. Merci pour l'invitation !
La cérémonie fut bon enfant, les prix remis dans l'humour et l'émotion, sans frime. Les jurys ont voté, le public aussi, sur le site du festival. Plaisir de voir les acteurs et actrices sur la scène, les réalisateurs et les réalisatrices, et les parrains offrant des prix / tremplins pour que de jeunes auteurs puissent réaliser un nouveau film (la liste des partenaires est là). Participants modestes et heureux. Le palmarès est brillant, séduisant.

Que peut-on dire en une minute ? A priori, après le générique, pas grand chose. A posteriori, après 51 minutes de visionnage, tout. Beaucoup de films engagés contre la bêtise, l'injustice visible (sexiste, homophobe, raciste, violente, etc.), des films humoristiques. Mon préféré ? "Blind date", de Xavier Inbona. Imposante et lumineuse simplicité, fraîcheur.
On peut encore regarder les films sur le site.

La brièveté impose un style, une économie de moyens, concentrés. On pense à Charles Baudelaire et à certains textes des "Petits poèmes en prose", aux aphorismes, aux haikus peut-être, aux chengyu (成 语)... Toutes maximisations sous contraintes. Cinéma-mobile comme il y eut la "caméra-œil" (Dziga Vertov) et la "caméra-stylo" (Alexandre Astruc). Le mobile voit mieux que l'œil et exprime la vérité : d'ailleurs les réalisateurs des films du Mobile Film Festival sont presque tous des enfants du smartphone, certain/es n'ont que 17 ans...
Ce genre relève de nouveaux supports de la vidéo : YouTube (il y a des Youtubeurs parmi les lauréats), Facebook, Snapchat...

Quel rapport entre la durée (1 mn) du film et le format de l'écran, et la mobilité de l'appareil (sa discrétion, etc.) ? La concision s'impose mieux qu'un long discours : "tout film est un théorème", disait Alexandre Astruc. L'universalité de "Blind Date", sa logique en font un théorème social. Le film mobile impose sa nouvelle narrativité (storytelling) loin de tout bavardage, frappante, muette et silencieuse bien souvent (voir "Hidden Beauty" de Rrza Jafarzadey). Peut-on attendre des séries de plusieurs épisodes d'une minute (minisodes) ? Enfin, n'oublions pas que la durée perçue, vécue, n'est pas la durée des horloges et qu'un film d'une minute, dans la conscience, peut durer longtemps.

Bonne idée que ce festival, à ne pas manquer l'an prochain pour découvrir les nouvelles aventures de la créativité cinématographique.

copie d'écran du site

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